Gabon : L’avocat Anges Kevin Nzigou soupçonné par la Justice de « complicité de détournement de biens saisis »

L'avocat Anges Kevin Nzigou © Facebook

Mis en cause dans le cadre de l’affaire « Nicolas Nguema », Anges Kevin Nzigou devrait être entendu cette semaine par la Justice. 

Avocat au Barreau de Libreville, Me Anges Kevin Nzigou devrait être auditionné par la Justice cette semaine, a-t-on appris de sources judiciaires.

Conformément aux règles de procédure, s’agissant d’un avocat, le Bâtonnier en a été informé en amont.

Cette audition, qui pourrait déboucher sur une mise en examen, est la résultante des investigations conduites par les enquêteurs dans le cadre de l’affaire « Nicolas Nguema » (lire notre article).

« Preuves matérielles irréfragables et accablantes »

Anges Kevin Nzigou est l’avocat de Nicolas Nguema. Les deux hommes sont par ailleurs les co-fondateurs du Parti pour le changement (PlC) et membres du collectif d’opposants radicaux, Appel à agir.

Le co-fondateur du Parti pour le Changement (PLC) avait été interpellé et mis en examen il y a quelques jours pour détournement, recel et revente de biens saisis par la Justice.

Une barge saisie revendue pour 180 millions de FCFA à une entreprise chinoise

« La vente des biens saisis par la Justice a été effectuée par M. Nicolas Nguema. Le produit de ces ventes a transité par le compte bancaire de M. Anges Kevin Nzigou », explique une source proche de l’enquête qui évoque des « preuves matérielles irréfragables et accablantes ».

Et celui-ci de citer notamment le cas d’ « une barge revendue pour 180 millions de francs CFA à une entreprise chinoise ».

Bataille de communication

Ce matin, l’entourage d’Anges Kevin Nzigou a pris les devants pour tenter de faire valoir sa version des faits, dénonçant une « mesure arbitraire qui viole(rait) le secret de l’instruction ».

Or, c’est bien pour « complicité active de détournement de biens saisis » que l’avocat devrait être mis en examen. « Un chef d’inculpation qui n’a rien à voir avec sa profession d’avocat », insiste-t-on du côté de l’enquête.

Pour tenter de donner du crédit à sa contre-attaque, l’entourage d’Anges Kevin Nzigou est soupçonné d’être à l’origine de la diffusion il y a quelques heures d’une fake news au sujet de l’ex-ministre de l’Economie Jean Marie Ogandaga. L’ex-ministre de l’Economie qui a démissionné mardi dernier serait « assigné à résidence » avec un « bracelet-cheville électronique » (lire notre article). Une allégation purement fantaisiste qui tendrait à démontrer que les autorités gabonaises feraient preuve d’arbitraire et que, de ce point de vue, le dossier de Me Nzigou ne serait en rien spécifique mais s’inscrirait, à l’inverse, dans une politique systématique. Un stratagème qui permet, utilement, d’éluder le fond du dossier…

Fausses informations en série

Publiée par Gabon Review dont le frère du directeur de la publication, Franck Ndjimbi, est également membre du collectif Appel à agir, la fausse information a été aussitôt reprise sur les réseaux sociaux par Marc Ona Essangui, lui-aussi membre de ce même collectif, comme si cela semblait être cousu de fil blanc.

Il y a une dizaine de jours déjà, lors de l’interpellation de Nicolas Nguema, le collectif avait tenté de prendre à témoin les médias en criant à l’arbitraire. Face à la réalité des charges, étayées par des preuves irréfutables, pesant sur l’intéressé, le groupe d’opposants avait alors interrompu sa campagne de communication.