Gabon : La CNSS dépense 32 milliards de FCFA par trimestre alors qu’elle n’encaisse que 28 milliards de cotisations sur la même période

La présidente de la CNSS au Gabon, le Docteur Nicole Assélé @ DR

La directrice générale de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Dr Nicole Assélé a déclaré mardi lors d’une conférence de presse vouloir ramener le paiement des pensions aux retraités suivant un rythme trimestriel et non plus mensuel à compter du mois d’août prochain. Une nécessité, selon elle, pour sauver cet organisme, au bord du gouffre en raison de tensions de trésorerie.

« Cette décision (de ramener le paiement des pensions de retraite sur un rythme trimestriel plutôt que mensuel comme aujourd’hui) n’est pas une option mais une obligation si nous voulons sauver la CNSS, dont les prévisions actuarielles prédisent une banqueroute d’ici deux à trois ans si nous ne prenons pas des décisions courageuses et audacieuses », a déclaré Mme Assélé, manifestement préoccupée.

Depuis la crise pétrolière en 2014 qui a conduit à la fermeture de plusieurs entreprises, principales cotisantes, les réserves de la CNSS se sont amenuisées, une crise tributaire de la fermeture. Outre la lourde dette de l’Etat et des entreprises de l’ordre de 400 milliards de FCFA vis-à-vis de la CNSS, l’institution fait face à un ‘gap’ (écart) trimestriel de 4 milliards de FCFA, précise un cadre de la CNSS. En effet, actuellement, la CNSS encaisse 28 milliards de FCFA de cotisations par trimestre quand elle en dépense 32 milliards de FCFA. Une situation intenable à terme.

D’où la décision de rétablir le paiement des pensions suivant un rythme trimestriel. Un dispositif encadré par la loi N°6/75 de novembre 1975 portant code de sécurité sociale en République gabonaise qui permettra à la CNSS, un organisme de droit privé chargé d’une mission de service public, de faire des économies d’échelles en procédant chaque mois au « recouvrement forcé de 15 % de son argent dû auprès des entreprises et de l’Etat », assure-t-on au sein de la Caisse.

Pour rappel, la décision de payer les pensions mensuellement avait été prise en 2014 par la précédente équipe dirigeante de la CNSS en dehors de tout cadre juridique. Couplée à la baisse des cotisations du fait du ralentissement de l’économie et des fermetures d’entreprise, cette décision explique les difficultés de gestion de trésorerie que connait actuellement la Caisse qui finance les pensions de 25 000 retraités et le système de sécurité sociale.