Gabon : pourquoi Jean Ping s’est mis en colère hier contre Jean Eyeghe Ndong

Jean Ping a tancé hier son allié, l'ex-premier ministre Jean Eyeghe Ndong © DR

Le leader de la Coalition pour la Nouvelle République a reproché à l’ex-premier ministre la faible affluence lors de la manifestation d’hier au carrefour Rio, mais aussi l’une de ses déclarations à cette occasion. 

Hier, au quartier des charbonnages, dans le premier arrondissement de Libreville, là où se trouve son quartier général, mieux valait ne pas adresser la parole à Jean Ping. L’opposant était en colère. La cible de son courroux : Jean Eyeghe Ndong, responsable de l’organisation du meeting de l’opposition qui a eu lieu hier après-midi au niveau du carrefour Rio dans le deuxième arrondissement de Libreville.

Or, ce meeting n’a réuni qu’une poignée de militants. Autour de 80 probablement, en tout cas moins d’une centaine (lire notre précédent article à ce sujet). Un flop pour la CNR qui a provoqué la colère de Jean Ping qui en espérait beaucoup plus. « S’il n’était pas prêt, il aurait dû reporter », s’est emporté le leader de la CNR en parlant de Jean Eyeghe Ndong. « Quelle image a-t-on donné ? On dit que les Gabonais sont derrière nous et il n’y a que quelques manifestants ? C’est ça un mouvement populaire ? Non, ça ne va pas du tout. On joue notre crédibilité », s’est emporté M. Ping, qui reproche également à Jean Eyeghe Ndong de n’avoir fait qu’une brève apparition lors de la manifestation d’hier.

Mais au-delà de la faible affluence à l’occasion de celle-ci, la colère de Jean Ping, selon certains, est à rechercher ailleurs. Le leader de la CNR reproche en effet à l’actuel sénateur du 2ème arrondissement de Libreville « certaines déclarations » qu’il juge « maladroites ».

Hier, en effet, Jean Eyeghe Ndong a indiqué à la poignée de militants présents au carrefour Rio : « notre constitution prévoit en son article 13 que lorsque le président est empêché pour quelque cause que ce soit, il est remplacé par le président du Sénat. Aujourd’hui, c’est Lucie Milebou Mboussou. Donc logiquement, normalement et constitutionnellement c’est à Lucie Milebou de succéder à Ali Bongo. »

« Que vient faire là-dedans Milebou ? », a sèchement réagi Jean Ping. « Pourquoi n’a-t-il pas simplement rappelé que c’est moi le président élu depuis 2016. On ne demande pas que la présidente du Sénat prenne la place de Bongo. On demande à ce que ce soit moi qui soit reconnu comme président légitime. Au bout de deux ans, il serait temps que Jean (Eyeghe Ndong) le comprenne », a alors tempêté Jean Ping.

Rétropédalage et rattrapage

Face à la colère du leader de la CNR, Jean Eyeghe Ndong n’a eu d’autres choix que de tenter de se rattraper, quitte à rétro-pédaler. Aujourd’hui, à l’occasion d’une rencontre avec quelques militants du quartier Nkembo, l’ex-premier ministre s’est fait fort de redresser le tir.

« Il y a un contentieux qui reste à vider depuis la présidentielle d’août 2016 : l’annulation sans explication des résultats de 21 bureaux de vote dans le 2ème arrondissement de Libreville », a-t-il commencé par expliquer ; avant d’annoncer l’organisation à partir de la semaine prochaine d’une série de manifestations un peu partout dans le pays pour dénoncer la violation de la Constitution par la Cour constitutionnelle, mais aussi exiger « l’installation de Jean Ping à la place qu’il faut, c’est à dire à la présidence de la République ».

Des propos sans doute plus conformes à ce que Jean Ping souhaite entendre de la part de ses alliés.