Gabon : Jean Ping envoie une dizaine de ses militantes manifester devant la Cour constitutionnelle

L'opposant gabonais Jean Ping tente de profiter de l'hospitalisation du président Ali Bongo pour pousser son avantage © DR

Au moins neuf d’entre elles ont été interpellées jeudi 22 novembre par les forces de l’ordre qui sont rapidement intervenus.

Au Gabon, Jean Ping joue son va-tout. Alors que les informations sur la santé du président Ali Bongo sont de plus en plus rassurantes (celui-ci s’apprête à quitter Riyad en Arabie Saoudite où il est hospitalisé depuis le 24 octobre dernier), l’opposant tente de mobiliser la rue, à défaut d’être parvenu à faire déclencher la vacance du pouvoir par la Cour constitutionnelle.

Après avoir tenté de mobiliser avec difficulté le mouvement syndical, via Dynamique Unitaire, mouvement présidé par l’un de ses proches Jean-Rémy Yama, le leader de la Coalition pour la Nouvelle République a tenté hier un coup médiatique en envoyant 13 de ses militantes manifester devant la Cour constitutionnelle. L’opposant reproche en effet à celle-ci sa décision du 14 novembre dernier autorisant la convocation d’un conseil des ministres en l’absence temporaire du chef de l’Etat, un cas non prévu dans la Constitution (lire notre article à ce sujet).

Jeudi 22 novembre, ces militantes pro-Ping ont tenté de remettre à la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, un mémorandum exigeant sa démission. En vain. Elles ont très rapidement été dispersées par les forces de l’ordre. 9 d’entre elles ont même été interpellées.

Dans la soirée, au quartier des charbonnages, où se trouve le quartier général de Jean Ping, plusieurs sources ont confirmé qu’il s’agissait bien de militantes de la CNR, comme l’attestent plusieurs vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux. « Le texte qu’elles étaient censées remettre à Mborantsuo (la présidente de la Cour constitutionnelle) a été rédigé ici même avant d’être remis à nos militantes, des femmes courageuses », précise l’une d’entre elles.

Pourquoi avoir envoyé des mères de familles manifester ? Une autre source répond : « symboliquement, c’est plus fort ; ça retient davantage l’attention des médias et des réseaux sociaux. Ça fait le buzz, comme on dit », explique une autre source.

Pour Jean Ping, c’est sans doute là le problème. En dépit de ses efforts, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016, qui n’a toujours pas digéré sa défaite, compte davantage sur le miroir déformant des médias et des réseaux sociaux pour se faire entendre que sur la rue qu’il ne parvient pas à mobiliser depuis l’hospitalisation d’Ali Bongo le 24 octobre dernier.

« C’est vrai qu’hier, nous n’étions pas très nombreux », a reconnu en fin d’échange téléphonique l’un des lieutenants de Jean Ping, réputé pour sa franchise et son absence de langue de bois.