Gabon : Emmanuel Issoze Ngondet et Guy-Bertrand Mapangou accusés d’avoir voulu jouer leur propre carte en l’absence d’Ali Bongo

Le premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, a donné peu satisfaction en haut-lieu depuis l'hospitalisation d'Ali Bongo © DR

C’est la première Dame, et non le gouvernement, qui a annoncé hier officiellement l’arrivée aujourd’hui au Maroc d’Ali Bongo afin qu’il y termine sa convalescence. D’une manière plus générale, le gouvernement est sévèrement jugé en haut-lieu depuis l’hospitalisation du président gabonais le 24 octobre dernier. Le premier ministre et le porte-parole du gouvernement concentre l’essentiel des critiques. Explication.

Hier soir, le gouvernement gabonais a mis plus de trois heures après le post Facebook de la première dame pour publier un communiqué confirmant la venue d’Ali Bongo ce jour au Maroc où il doit terminer sa convalescence.

Outre le retard avec lequel il a été diffusé, le communiqué du gouvernement est également critiqué tant sur le fond (son contenu est jugé laconique) que sur la forme (il a été diffusé via WhatsApp, puis mis en ligne sur Facebook).

« Le fait que ce soit la première dame et non le gouvernement qui donne une information officielle aussi capitale est le signe que ce dernier n’a pas la main. Il donne l’impression d’être à la traîne, de subir les événements. En outre, le communiqué du gouvernement n’a pas été diffusé sur les médias d’Etat. Cela doit nous interpeller. Est-ce à dire qu’il n’y ont plus accès ? En tout cas, c’est un signe de faiblesse évident », analyse un professeur en science politique de l’UOB.

De fait, le gouvernement donne l’impression d’avoir été pris de court par le post de la première dame. Plusieurs membres du gouvernement nous ont confirmé en effet qu’ils n’avaient pas eu vent des informations que celui-ci a révélé. « Même sur la forme, il se dégage une impression de précipitation. Comme si le gouvernement avait été surpris et dans la panique a voulu agir dans la précipitation. Le ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement, Jean-Bertrand Mapangou, a même oublié de signer le communiqué, ce qui ne se fait jamais », fait observer un professeur en science de la communication de l’UOB, analyste réputé.

Cette anecdote est en réalité révélatrice d’un malaise plus profond. Le gouvernement, et en particulier le premier ministre et le ministre de la communication, ont été jugés en haut lieu « transparents », « pas à la hauteur de l’événement » depuis l’hospitalisation d’Ali Bongo.

Pire, ces deux figures du gouvernement sont aujourd’hui pointées du doigt pour avoir été peu coopératives avec les autres institutions durant le moins écoulé, donnant ainsi l’impression de jouer leur propre carte, quitte parfois à bloquer le fonctionnement des institutions. « Peut-être en l’absence du numéro un, le premier ministre et son porte-parole ont-ils été victimes du phénomène de l’hubris ; ou bien peut-être est-ce pour sauver leur tête qu’ils ont agi ainsi ? », fait mine de s’interroger un responsable du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir). 

En effet, le gouvernement doit remettre sa démission au président gabonais après l’annonce officielle et définitive des résultats des élections législatives. Or, une absence prolongée d’Ali Bongo aurait signifié un maintient à leur poste du premier ministre et des autres membres du gouvernement, dont certains savent déjà qu’ils ne seront pas reconduits, à l’instar de Guy-Bertrand Mapangou.

Peut-être ces deux-là n’avaient-ils donc pas intérêt à voir revenir Ali Bongo de si tôt…