Gabon : ayant échoué à mobiliser la rue, Dynamique Unitaire s’en remet en dernier recours à Lucie Milebou pour faire tomber Ali Bongo

La présidente du Sénat, Lucie Milebou-Aubusson © DR

Après avoir échoué ces derniers jours et encore hier à mobiliser ses militants dans la rue, la confédération syndicale, dont les dirigeants sont très proches de l’opposant Jean Ping, tente de jouer son va-tout pour faire vaciller le pouvoir d’Ali Bongo. Elle vient de saisir la présidente du Sénat, lui demandant de se rendre au Maroc pour aller s’enquérir de l’état de santé réel du président gabonais. L’objectif de DU : tenter de faire constater la vacance définitive du pouvoir. 

Le 7 décembre dernier, la confédération Dynamique unitaire et quelques associations satellites issues de la société civile ont saisi Lucie Milebou-Aubusson (épouse Mboussou), la présidente du Sénat, au sujet de l’état de santé d’Ali Bongo, actuellement en convalescence à Rabat suite à son hospitalisation à Riyad en Arabie Saoudite le 24 octobre dernier.

Selon le président de DU, Jean-Rémy Yama, « pour rassurer le peuple, la seule institution qui peut parler (au nom du chef de l’Etat) est le Sénat, qui assure en même temps les prérogatives de l’Assemblée nationale. Le Sénat a toute la légitimité et la légalité pour mettre en place une commission parlementaire composée de groupes siégeant en son sein (majorité, opposition) pour s’enquérir de l’état de santé réel d’Ali Bongo Ondimba, en se rendant au lieu exact où il se trouve et venir rendre compte au peuple ».

Et le président de la confédération syndicale de se faire menaçant : « si vendredi 21 décembre 2018, nous sommes toujours sans réponse, alors des actions fortes seront menées car cela voudrait dire qu’ils ont des choses à cacher. Et là, nous ne porterons plus de gants ». En cela, Jean-Rémy Yama rejoint la position de Jean Ping, dont il est très proche, et qui a appelé samedi dernier lors d’un meeting les Gabonais à descendre dans la rue pour faire vaciller le pouvoir.

Si Jean-Rémy Yama en appelle aujourd’hui à la présidente du Sénat, c’est pour deux raisons au moins. D’abord, parce qu’une requête similaire avait été introduite auprès de la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, du vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, et du premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet. Sans succès. Mais une fin de non recevoir avait été opposée à la confédération syndicale.

Ensuite, c’est parce que la présidente du Sénat est, depuis plusieurs semaines, poussée par certaines personnalités, qui l’incitent à considérer avec attention l’hypothèse d’une vacance définitive du pouvoir. En pareille situation en effet, c’est elle qui exercerait, à titre temporaire certes, le temps d’organiser dans un délai de deux à trois mois l’élection présidentielle, les fonctions de chef de l’Etat. Parmi ces personnalités favorables à un tel scénario figure notamment Guy-Bertrand Mapangou, l’actuel ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Reste que plus le temps passe plus les chances de ceux qui espèrent tourner la page d’Ali Bongo au pouvoir s’amenuisent. Ce dernier commence à retrouver le meilleur de sa forme et ne tardera plus désormais à rentrer au Gabon. D’ici-là, les institutions ont prouvé leur capacité à fonctionner, y compris dans des circonstances exceptionnelles : les conseils des ministres peuvent se tenir, comme l’a indiquée le 14 novembre le juge constitutionnel ; surtout, un nouveau gouvernement sera nommé dans les formes, probablement dans les prochains jours, une fois que la Cour constitutionnelle aura proclamé les résultats définitifs des élections législatives d’octobre dernier.