Gabon : Après Jean Ping, au tour de Paul-Marie Gondjout de s’en prendre à Sylvia Bongo Ondimba avec des relents xénophobes et misogynes

L'opposant Paul-Marie Gondjout © DR

Dans un discours aux relents complotistes, et résolument anti-français, l’opposant s’en est pris très violemment à la première dame du Gabon quelques jours seulement après qu’elle a annoncé une tournée dans le Gabon profond. Comme le fit Jean Ping il y a quelques mois à peine. 

C’est un discours d’une très grande violence, aux relents xénophobes, complotistes et sexistes, qu’a prononcé cette semaine sur un ton sentencieux Paul-Marie Gondjout.

« Le Gabon ne s’est jamais aussi mal porté », plante-t-il d’emblée reprenant les antiennes habituelles de l’opposition radicale avant d’en venir au sujet principal de son intervention : Sylvia Bongo Ondimba.

« Pour ceux-là qui sont arrivés récemment au Gabon, qui ont tout reçu du Gabon, que donnent-ils en retour au Gabon ? », fait mine de s’interroger celui qui est aussi le secrétaire exécutif de l’Union nationale (UN), parti d’opposition présidé par Zacharie Myboto.

« Trop, c’est trop. Je ne peux pas comprendre que quelqu’un, épouse du chef de l’Etat, qui doit rester à sa place, mais qui se met à faire de la politique dans ce pays qui l’a accueillie, qui lui a tout donné, pendant que d’autres qui se sont enrichis au Gabon, l’ont fait de manière silencieuse, dans leur coin, et ne s’amusent pas à parler de politique, à faire de la politique, parce que la politique s’est notre chose à nous, les Gabonais », tonne M. Gondjout.

Poursuivant sa diatribe, l’opposant radical affirme que « nous ne pouvons pas accepter que des personnes à qui nous avons tout donné, qui ont tout reçu, veulent nous enlever jusqu’à notre dignité de Gabonais (…) Quelle est cette humiliation qu’on veut nous imposer en nous rapportant tout de l’extérieur ? Des choses qu’on nous impose qui ne sont pas de notre pays, qui ne sont pas de notre culture ? Trop, c’est trop », cingle-t-il en pointant nommément du doigt Sylvia Bongo Ondimba.

Poursuivant son propos, M. Gondjout déclare que « si le Gabon les a accueillis (la première dame et sa famille, NDLR), ça n’est pas au prix de n’importe quoi. Il faut que cela cesse. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. S’il y a un plan pour nous asservir, ce plan va s’arrêter, s’il y a un plan pour esclavasiger les Gabonais, ce plan va s’arrêter. Nous devons prendre en main notre destin et ne pas nous laisser imposer des choses qui viendrait d’ailleurs », dit-il non sans craindre de susciter des réactions xénophobes.

Et l’opposant de conclure sa saillie avec des accents résolument complotistes : « Tout ce cinéma pour nous faire croire des choses que nous avec nos yeux nous voyons », dit-il, en faisant allusion à la prétendue vacance du pouvoir, fantasme largement partagé au sein de l’opposition radicale.

« Danielle Obono ne devrait pas être élue députée en France ? »

Diffusé sur la chaîne Gabonews, le discours de l’opposant a aussitôt suscité les commentaires les plus outrés sur les réseaux sociaux. « Si on suit le raisonnement de Paul-Marie Gondjout, alors Danielle Obono ne devrait pas être élue députée en France ? C’est ridicule, xénophobe et raciste », s’insurge Pauline, une étudiante franco-gabonaise en médecine.

« Et que dire quand il affirme que l’épouse du chef de l’Etat devrait rester à sa place ? Que sous-entend-t-il par là ? », vitupère Carole, qui souhaite poursuivre ses études au pays à l’ENA. « Que sa place serait aux fourneaux, à attendre sagement son mari de président ? Dites-lui que nous sommes en 2020 et que nous avons choisi d’époque ! », s’exclame l’étudiante de 21 ans, toujours sur Facebook.

Du côté de la première dame, on entend pas réagir aux propos de M. Gondjout. « Tout ce qui est excessif est insignifiant », balaie un de ses proches, qui consent néanmoins à un bref commentaire : « Toute cette logorrhée pour prêter à la première dame des intentions qu’elle n’a pas. La première dame ne s’est jamais mêlée de politique. Elle est en revanche très impliquée sur le terrain social et elle le restera, n’en déplaise à certains », indique en off un de ses proches.

En effet, l’opposant veut voir dans la tournée sociale qu’entreprendra pour la sixième fois la première dame du Gabon dans les provinces du pays une tournée politique (lire notre article à ce sujet). « Ça n’a juste rien à voir. Gondjout tente de faire prendre des vessies pour des lanternes », s’insurge un autre proche de la première dame.

D’opposant radical à opposant radicalisé

L’inquiétude est également palpable dans les cercles diplomatiques français. « De tels propos sont irresponsables. Ils font monter le sentiment anti-français », fait observer un diplomate de retour au Quai d’Orsay, le ministère français des Affaires étrangères. « L’opposition gabonaise est comme schizophrénique. Elle ne cesse d’appeler la France à son secours. Et en même temps, elle s’en prend violemment à ceux qui possède ou posséderait la nationalité française », déplore-t-il.

En attendant, la violence du discours de Paul-Marie Gondjout et ses saillies xénophobes et sexistes, rappelle celui il y a trois mois, en décembre 2019, de Jean Ping qui lui avait également valu une pluie de critiques (lire notre article). Gondjout a-t-il agi par mimétisme ? Sans doute. Quoi qu’il en soit, dans un cas comme dans l’autre, de tels propos en disent long sur l’état d’une partie de l’opposition qui, à défaut de proposer des solutions pour améliorer le quotidien des Gabonais, se satisfait de critiquer, et de plus en plus violemment, pour espérer être écoutée.

A l’instar de Jean Ping, il y a quelques temps, Paul-Marie Gondjout a lui aussi franchi le Rubicon. D’opposant radical, il est devenu un opposant radicalisé.