Diffusé il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, un communiqué prêté à Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise (LFI), un parti d’extrême-gauche, remettait en cause l’aide française au développement accordée au Gabon et affichait son soutien à la confédération syndicale Dynamique Unitaire dans son combat contre les mesures d’austérité prises par le gouvernement. Un soutien qui fait aujourd’hui doublement polémique. En effet, le communiqué prêté à Jean-Luc Mélenchon, qui braque la base militante de Dynamique Unitaire, pourrait ne pas être authentique.
Qui veut faire l’ange fait la bête, disait le célèbre philospophe Pascal. Jean-Luc Mélenchon, que l’on dit féru de culture, devrait sans doute méditer cette citation, si tant est qu’il soit bien l’auteur du communiqué publié il y a quelques jours.
Intitulée« »Soutien aux travailleurs du peuple gabonais » et rendu publique il y a quelques jours, ce document présenté comme émanant du leader de la France Insoumise remettait en cause l’aide publique au développement accordé par la France au Gabon et affichait son soutien à la confédération syndicale gabonaise, Dynamique Unitaire.
« Je leur adresse tout mon soutien pour l’assemblée générale du 2 août et leur souhaite plein succès pour leurs conditions de vie et de travail et pour l’établissement de la démocratie », écrivait-il alors. Premier problème : ces propos, très européo-centrés passent mal auprès de la base militante de DU.
M. Mélenchon, ne mélangeons pas tout !
« En quoi notre mouvement intéresse la France », s’insurge Henriette, une militante ? « La France ne nous a-t-elle pas assez pillé ? Qu’elle nous laisse tranquille », lâche celle qui se qualifie de militante de la première heure dans un air de défi.
« Déjà, je ne vois pas ce qu’un parti politique vient faire là. Notre lutte est syndicale, pas politique. Ne mélangeons pas tout svp ! », s’insurge de son côté Hervé. « Quand Mélenchon parle de rétablir la démocratie au Gabon, ça veut dire quoi ? Nous, nous battons pour nos droits en tant que travailleur. Et puis, en matière de démocratie, ça n’est pas à la France de nous dire quoi faire », peste-t-il, très remonté contre « les responsables de DU qui sont toujours prêts à courber l’échine vis-à-vis de tout ce qui vient de Paris. Leur logiciel est daté. Il faut qu’on change de leaders », dit-il en pointant du doigt tout particulièrement le président de la confédération, Jean Rémy Yama.
Bla bla, gesticulation et réflexe néo-colonialiste
Autre point de vue, celui de Jessica, une jeune enseignante. « Tout ça, c’est du blabla politicien. Ce qui compte, c’est la rue, combien nous sommes dans la rue. Le combat, que nous menons, il ne se gagne pas à Paris. Il se gagne sur le terrain. Les communiqués de Mélenchon ou qui que ce soit d’autre, on en veut pas », martèle-t-elle, elle aussi très remontée.
Mais il n’y a pas qu’au Gabon, auprès des militants de Dynamique Unitaire, que les propos de Jean-Luc Mélenchon ne passe pas. Les responsables de la France Insoumise (LFI) sont, eux aussi, très partagés.
Ce communiqué, mal écrit et sans logo, émane-t-il réellement de Jean-Luc Mélenchon ?
« On a changé d’époque. Le temps des colonies, c’est fini. Il faut donc arrêter avec cette ingérence intempestive, ce réflexe néo-coloniaste d’un autre époque qui veut que les Français, quels qu’ils soient, s’immiscent dans les affaires intérieures gabonaises. A LFI, nous sommes pour le respect de la souveraineté des peuples, ici comme ailleurs. C’est une question de cohérence », confie l’un des responsables du parti. Un autre, dans la même veine, craint que ce genre d’initiative peut donner l’impression de donner des leçons et qu’ « il vaudrait mieux, du coup, s’en garder », tout en cherchant à dédouaner Jean-Luc Mélenchon.
Et c’est là le second problème posé par ce communiqué… « Etes-vous sûr que ce communiqué est bien officiel ? Regardez », dit-il, « il ne comporte pas de logo de La France Insoumise et le style très approximatif n’est pas celui de Jean-Luc Mélenchon ou des personnes qui rédigent pour lui. En plus, aucune adresse mail officielle n’apparaît – celles mentionnées sont en gmail – et il n’y a aucun numéro de téléphone fixe mentionné, seulement des numéros de portable. Or on indique toujours dans ce genre de communiqué les coordonnées du service de presse. Pour moi, Jean-Luc n’y est pour rien. Ce document n’est pas authentique, c’est un fake. Vous feriez mieux de vérifier », nous recommande-t-il.
Contacté dans la foulée, le service de presse de LFI ne nous a, à cette heure, pas encore répondu à ce sujet.
