De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer les « manœuvres » du camp présidentiel afin de placer « sous contrôle » la prochaine élection prévue fin 2023 en RDC. Sa stratégie se décline en trois temps : écarter toute concurrence, maîtriser de bout en bout le processus électoral et prévenir toute sanction a posteriori. Explication.
Félix Tshisekedi marcherait-il dans les pas de son prédécesseur Joseph Kabila ?
Installé au pouvoir en janvier 2019 à l’issue d’une élection très controversée, M. Tshisekedi est accusé par ses opposants de vouloir s’y maintenir en employant peu ou prou les mêmes méthodes que M. Kabila, installé durant 18 ans à la présidence.
Il y a tout d’abord cette proposition de loi qui est portée par Noël Tshiani, une personnalité en apparence indépendante de M. Tshisekedi mais originaire de la même province que lui. Cette proposition de loi vise à exclure des élections en RDC tout citoyen qui ne serait pas né et de mère et de père congolais. Une forme d’apartheid qui ne dirait pas son nom en somme. Officiellement, il s’agit de défendre la souveraineté nationale. Mais en réalité, ce texte a pour but d’écarter de la course à la présidentielle Moïse Katumbi, le principal opposant, considéré par M. Tshisekedi comme le seul susceptible d’entraver ses plans pour 2023.
Il y a ensuite cette proposition de loi, dite Lutundula, qui vise à réformer la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Or, le texte, à l’origine proposé par un opposant, a complétement été dénaturé en commission à l’Assemblée nationale au profit de… l’UDPS, le parti de M. Tshisekedi qui entend se poser en arbitre de la prochain élection.
Enfin, troisième levier de la stratégie du président RD congolais, la candidature à un poste de membre non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2022-2023. En violation des textes et des procédures de l’UA, dont il est pourtant l’actuel président en exercice, M. Tshisekedi a déposé fin mai la candidature de son pays alors même que l’organisation panafricaine avait déjà valablement sélectionné en début d’année le Gabon pour briguer ce siège (lire notre article).
Une situation qui crée le trouble parmi les chefs d’Etat du continent qui accusent M. Tshisekedi de profiter de son poste de président en exercice de l’UA pour faire valoir ses intérêts personnels et qui menace de faire voler en éclat le peu de crédibilité que l’UA avait, non sans difficulté, réussi à accumuler ces toutes dernières années.