Président du Gabon, pays le plus carbone positif au monde grâce à sa forêt qui recouvre 88 % de son territoire et qu’il préserve comme un joyau, Ali Bongo Ondimba n’a pas mâché ses mots lors de son intervention ce jeudi 22 juin à Paris lors du « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial ». Rappelant que le Gabon capte chaque décennie plus d’un milliard de tonnes de CO2 net alors que d’autres pays polluent allègrement l’atmosphère, il a appelé à revoir « totalement et rapidement » les mécanismes financiers internationaux afin que les pays forestiers qui préservent leurs forêts au bénéfice de tous sur la planète, comme le Gabon, soient soutenus à la hauteur de leur contribution – majeure – à la préservation du climat. Voici un extrait de son discours.
« Nous sommes en pleine crise environnementale.
Mais nos systèmes financiers publics, nos banques multilatérales et le secteur privé peinent toujours à s’adapter aux défis du climat et de la biodiversité.
Dans mon pays, le Gabon, alors même que d’autres pays polluent l’atmosphère par leurs émissions de CO 2, nous absorbons chaque décennie plus d’un milliard de tonnes de CO 2 net.
Pendant que d’autres pays déciment leurs forêts pour garantir leur croissance économique immédiate, les forêts gabonaises restent stables, couvrant 88% de notre territoire.
Toutefois, nous ne constatons aucune augmentation significative des financements reçus en faveur du climat en dépit de nos efforts.
[…]
Près de quinze ans après Copenhague, où nous avons adopté le principe de REDD-plus, la désillusion reste grande.
En effet, les pays qui ne détruisent pas leurs forêts, comme le Gabon, la Papouasie Nouvelle Guinée, le Congo ou la Guyane, ne reçoivent pas de soutien à la hauteur de leurs efforts dont tous nous bénéficions.
Devrions-nous alors nous engager dans une politique de déforestation intensive pour nous faire entendre ?
De même, les pays qui honorent régulièrement leur dette, au détriment des investissements, ne sont pas accompagnés à travers les mécanismes de restructuration et de remise de dette.
[…]
Nous devons, tous ensemble, véritablement poser les jalons de nouveaux partenariats financiers pour une croissance verte.
Dans cette crise planétaire, les pays en développement font pleinement partie de la solution car il n’y aura :
– Pas de croissance au nord sans stabilité globale.
– Pas de stabilité dans un monde ravagé par les changements climatiques.
– Pas d’atténuation des changements climatiques et d’adaptation de leurs effets sans nos forêts et autres écosystèmes.
Toutefois,
– Si nous devons payer la plus grande part du coût de la préservation de nos écosystèmes ;
– Si nous devons nous endetter pour financer les coûts additionnels des énergies renouvelables ;
– Si nos populations doivent supporter les coûts d’opportunités perdus, pour le bien être des peuples des pays développés.
Alors, quid de la « transition juste » ?
C’est la raison pour laquelle, il nous faut un nouveau modèle financier global qui soutient la croissance verte. »
[…]