Fake news : Raymond Ndong Sima attribue au gouvernement gabonais des sanctions imaginaires dans l’affaire des vidéos obscènes de lycéens

L'ancien premier ministre gabonais, Raymond Ndong Sima © DR

Autrefois connu pour ses posts d’analyse de l’actualité publiés sur sa page Facebook, l’ancien premier ministre aurait-il perdu toute rigueur ? Dans un écrit diffusé samedi 30 janvier sur ce réseau social, il attribue au gouvernement des sanctions imaginaires à l’encontre des lycéens qui se sont filmés dans des postures obscènes avant d’en diffuser les vidéos sur les réseaux sociaux. Explications. 

« Jeux obscènes en milieu scolaire. Le gouvernement vient de prendre des sanctions particulièrement lourdes à l’encontre des élèves qui se sont laissés aller à des jeux obscènes sur les réseaux sociaux », écrit sur sa page Facebook Raymond Ndong Sima, rebondissant sur une affaire qui a fait grand bruit dans le pays.

Il s’agit en réalité d’une fake news. Et pour cause, sur le plan administratif, aucune sanction n’a été prise pour le moment par quelque instance relevant de la tutelle du ministère de l’Education nationale. Les conseils de discipline, compétents en la matière, n’ont pas encore eu lieu (lire notre article complet à ce sujet).

L’ancien premier ministre, autrefois connu pour la rigueur de ses analyses, semble davantage se distinguer désormais par ses « approximations », pour le dire pudiquement. En novembre dernier déjà, il avait publié avec beaucoup de légèreté un post controversé, aux relents complotistes, au sujet de la dette intérieure (lire notre article).

Mais quel but poursuit-il donc ? Pour ce professeur en science politique de l’UOB, la réponse ne fait aucun doute. « Comme la quasi-totalité de ses prédécesseurs, Raymond Ndong Sima nourrit une certaine aigreur du fait qu’il a été écarté des affaires (il a été remercié de son poste de premier ministre en janvier 2014, NDLR). N’ayant plus aucun mandant, son seul moyen de se faire entendre et de ne pas se faire oublier, c’est de critiquer l’action de ses successeurs. Car seule la critique négative retient l’attention. C’est une ficelle bien connue en communication politique », explique l’universitaire.

Le rôle trouble de certains « médias » en ligne qui jouent, de manière hypocrite, les caisses de résonnance

Force est de constater que le procédé fonctionne. Sans vérification aucune, ni recoupement, certains médias proches de l’opposition, à l’instar de Gabon Media Time, se pressent pour y faire écho. « C’est un moyen hypocrite de diffuser certaines idées tout en soutenant qu’il ne s’agit pas des siennes », décrypte un vieux routier du journalisme au Gabon. « Le journaliste, ça n’est pas ça. On ne peut laisser dire n’importe quoi sous couvert du fait qu’il s’agit d’une tribune et non d’un article. Or, quelque soit la forme du propos, le journaliste est là pour s’assurer que celui-ci est conforme à la réalité. Sinon, quelle est son utilité ? », s’interroger cet homme expérimenté.

Face à ce qu’elle perçoit comme une « dérive », la Haute autorité de la communication, qui s’est remobilisée il y a quelque temps après une période de relative inactivité, a été mise en alerte. Certaines pratiques, peu professionnelles, pourraient avoir vécu.