[Fact checking] Gabon : Ce que l’on sait (de plus) sur l’affaire Guy Nzouba-Ndama interpellé samedi à son retour du Congo-Brazzaville avec près d’1,2 milliard de FCFA en cash

Guy Nzouba-Ndama dans un commissariat de Franceville devant 1milliard 190 millions de FCFA en cash saisis à bord de son véhicule ce samedi 17 septembre 2022 © DR

L’ancien président de l’Assemblée nationale et désormais opposant a été interpellé samedi 17 septembre à la frontière entre le Congo-Brazzaville, d’où il venait, et le Gabon, d’où il rentrait, avec trois grosses valises bourrées de cash. Montant total : 1 milliard 190 millions FCFA. Il a aussitôt été placé en garde à vue. Voici ce que l’on sait à ce stade de cette affaire. 

  • Ce samedi 18 septembre, en milieu d’après-midi, à Kabala, à la frontière entre le Gabon et le Congo-Brazzaville, Guy Nzouba-Ndama, qui fut durant 19 ans président de l’Assemblée nationale de janvier 1997 à mars 2016, avant de créer son propre parti, Les Démocrates, et de rejoindre les rangs de l’opposition, a été arrêté par les forces de sécurité (militaires et douaniers) en possession de trois grosses valises bourrées de cash, négligemment disposées à l’arrière de son pick-up, dont le montant total s’élève à 1 milliard 190 millions de francs CFA.
  • M. Guy Nzouba-Ndama s’est dans un premier temps opposé à la fouille de ces bagages prétextant qu’il s’agissait de ceux de son épouse et qu’il n’en possédait pas la clef.

  • Les militaires et douaniers n’ont alors eu d’autre choix que de forcer les cadenas des valises dans lesquelles ils ont découvert des centaines de liasses de billets de 10 millions de FCFA entourées des attaches de la Banque centrale des états de l’Afrique centrale.

  • La scène a été filmée entre autres par les personnes accompagnant M. Guy Nzouba-Ndama. Sur la vidéo, rapidement devenue virale sur les réseaux sociaux, on voit les douaniers ouvrir chacune des trois valises devant témoins, dont Guy Nzouba-Ndama, le visage blême avec, sur le côté droit du front, un pansement posé après un accident de la circulation intervenu il y a une semaine. « Nous avons ainsi une preuve irréfragable, incontestable de la constitution de l’infraction », explique une source.
  • Guy Nzouba-Ndama a aussitôt été placé en garde à vue et transféré au commissariat de Franceville. Pris en flagrant délit, il n’a pu que reconnaître les faits. L’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pu justifier légalement de la provenance de ces fonds.
  • Ces fonds, a toutefois reconnu M. Nzouba-Ndama, proviennent du Congo-Brazzaville où il a séjourné quelques heures plus tôt ce samedi le temps d’aller les récupérer.
  •  Selon plusieurs sources proches de l’enquête, ces fonds remis au Congo-Brazzaville à M. Guy Nzouba-Ndama « pourraient avoir pour objet le financement de sa pré-campagne électorale ». Le président des Démocrates envisageait en effet de se présenter à l’élection présidentielle prévue dans moins d’un an au Gabon.
  • Si c’est le cas, il s’agirait ni plus ni moins d’une ingérence de la part du Congo-Brazzaville dans les affaires intérieures du Gabon. Un phénomène récurent. Lors de la présidentielle de 2016, Jean Ping avait bénéficié du soutien de personnalités congolaises pour financer sa campagne. De même, Alexandre Barro Chambrier est régulièrement soupçonné de se tourner vers Brazzaville pour y chercher du soutien financier.
  • Désormais, les chances de Guy Nzouba-Ndama de participer à la prochaine élection présidentielle prévue en 2023 au Gabon semblent irrémédiablement compromises. Cette affaire pourrait même marquer la fin de sa carrière politique. Pris en flagrant délit, l’ancien président de l’Assemblée nationale, âgé aujourd’hui de 76 ans, devrait être inculpé (l’importation de devises dont la provenance n’est pas justifiée est illégale). Pire, il pourrait tomber sous le coup de la nouvelle loi sur le financement des partis politiques et associations qui prohibent toute intrusion de la part de puissances étrangères. Le cas échéant, l’inculpation de M. Nzouba-Ndama, somme toute probable compte tenu des éléments à disposition des enquêteurs, pourrait déboucher sur un mandat de dépôt et un placement en détention provisoire.
  • Dans un communiqué publié il y a quelques heures, son parti a appelé au calme. « Nous demandons à tous les militantes et militants Démocrates de garder le calme, de rester sereins et d’attendre la réaction officielle de la direction du parti relative à ces informations qui circulent sur notre président », indique ce communiqué signé du secrétaire général des Démocrates, le Dr Paulin Obiang Ndong.