[Exclusif] Pourquoi le Gabonais Ali Bongo Ondimba fait partie des cinq chefs d’Etats africains les plus courtisés par les grands dirigeants de la planète

Les présidents Ali Bongo Ondimba et Emmanuel Macron le 12 novembre 2021 au Palais de l'Elysée à Paris © DR

Une note confidentielle, rédigée par le service diplomatique de l’une de ces grands puissances, et à laquelle La Libreville a eu accès, dresse la liste de cinq chefs d’Etat africains qu’elle considère comme « hautement stratégique » pour diverses raisons. Parmi eux, figurent le président gabonais Ali Bongo Ondimba. Nous  dévoilons ici une partie du contenu de cette note, titrée « Où sont nos priorités stratégiques en Afrique ? » 

C’est une note particulièrement éclairante que vient de rédiger le service diplomatique de l’une des grandes puissances de ce monde. Titrée « Où sont nos priorités stratégiques en Afrique ? », cette note, qui a vocation à demeurer confidentielle, circule dans quelques  chancelleries et ambassades.

Elle dresse la liste de « cinq pays » qui, « en raison à la fois de leur potentiel et de la personnalité de leur dirigeant » constitue pour la grande puissance en question, une « priorité hautement stratégique » et avec lesquels « il est crucial de nouer de bonnes relations ». 

Exit la RDC

« Les deux critères doivent impérativement être remplis », insistent les auteurs de cette note très détaillée et dont il est impossible ici de révéler toute la teneur. « C’est pourquoi certains pays en sont exclus », complètent-ils. Parmi les pays cités dans ce cas précis, figure la République démocratique du Congo. « La RDC recèle un potentiel minier qui en fait l’un des pays les mieux positionnés dans l’économie qui se dessine », est-il écrit dans la note. Et celle-ci de citer « les bouleversements à venir tels que la transition énergétique ou la révolution électrique qui font du cobalt, du lithium ou encore du cuivre (dont la RDC regorge, NDLR) des matières premières d’une importance cruciale », indiquent les auteurs de la note. « En revanche, la gouvernance (en RDC) reste défaillante (…). Félix Tshisekedi n’a pas été capable depuis son élection controversée en janvier 2019 de faire sortir son pays de l’ornière. Certains problèmes (insécurité à l’Est, éducation, atonie économique, etc.) n’ont pas été réglés et ont même empiré par rapport à la période durant laquelle son prédécesseur Joseph Kabila a exercé le pouvoir (2001-2018) », explique la note.

Exit donc la RDC pour les auteurs de la note, selon qui « seuls cinq pays en Afrique cochent les deux cases : potentiel stratégique important pour l’avenir et personnalité de son dirigeant ». C’est le cas entre autres du Gabon.

Lutte contre le réchauffement climatique

« La COP 26 de Glasgow en a administré la preuve. Le Gabon est le pays qui en Afrique exerce le leadership le plus important sur les questions d’environnement qui sont aujourd’hui les plus importantes à l’échelle planétaire. Le réchauffement climatique constitue la principale menace qui pèse sur notre planète », écrivent les auteurs de la note. « Or, le Gabon, en raison à la fois de sa sensibilité au sujet, de ses politiques publiques, de l’intensité de son action diplomatique en la matière (la note rappelle que le Gabon a présidé le groupe des négociateurs africains lors de la dernière COP et cite les Gabonais Lee White et Tanguy Gahouma-Bekale comme figurant parmi les personnalités les plus investies, NDLR), mais également de ses caractéristiques géographiques (la note rappelle que le Gabon est recouvert à près de 88 % par l’épaisse forêt équatoriale, l’un des deux poumons verts de la planète, NDLR), est l’un des pays stratégiquement les plus importants dans la lutte contre le réchauffement climatique », affirme la note.

Sens des relations internationales et empathie

Si la première case est cochée, la seconde l’est aussi. Et les auteurs de la note de justifier leur choix. « Dans une région très difficile, l’Afrique centrale, marquée par l’instabilité et des économies pénalisées par le Dutsch Disease (la ‘malédiction des matières premières’), le président Ali Bongo Ondimba est l’un des rares dirigeants à surnager (…) A titre personnel, il s’est remis d’un AVC qui l’a frappé il y a trois ans (en octobre 2018, NDLR), faisant ainsi la démonstration de sa capacité de résilience (…) », écrivent les auteurs de la note. « Sur le plan diplomatique, il est l’un des dirigeants du continent africain les plus impliqués sur la scène continentale et internationale », poursuivent-ils, ajoutant que « le président francophone Ali Bongo Ondimba, qui est parfaitement bilingue en anglais et possède un véritable mindset international, a une capacité de lecture fine des relations des relations internationales et est parfaitement conscient des grands équilibres et déséquilibres de ce monde. »

D’où « sa capacité, très peu répandue, à équilibrer les relations entre son pays et ses différents partenaires extérieurs », explique la note, qui vante par ailleurs la « capacité d’empathie, rare chez les dirigeants », numéro un gabonais. « Ali Bongo Ondimba, compte tenu de son tempérament, laisse systématiquement une bonne image à ses interlocuteurs qui apprécient sa conversation », écrivent textuellement les auteurs de la note. Pour illustrer leur propos, les auteurs de la note font référence au fait que le président Ali Bongo est « à la fois capable d’engager son pays dans un processus d’adhésion au Commonwealth tout en conservant d’excellentes relations à titre interpersonnel avec le président français Emmanuel Macron ».

Talent

C’est sans doute à cela que le porte-parole de la Présidence gabonaise, Jessye Ella Ekogha, a fait référence lors de sa conférence de presse hier, mercredi 17 novembre, quand il a déclaré au sujet du chef de l’Etat gabonais, après avoir détaillé sa tournée diplomatique : « C’est un talent. A l’évidence, tout le monde ne l’a pas » (lire notre article). Ce n’est en tout cas pas les auteurs de cette note intitulée « Où sont nos priorités stratégiques en Afrique ? » qui le démentiront.