Communiqué de Reporters sans frontières : Gabon Media Time convoqué par la HAC

Pour éviter les dérives, la presse en ligne gabonaise fait désormais l'objet d'une plus grande régulation de la part de la HAC © DR

Le journal en ligne Gabon Media Time (GMT), suspendu pour un mois le 31 juillet dernier pour diffusion d’un article rapportant des faits erronés, a été convoqué ce jeudi par la Haute autorité de la communication (HAC).

Cette convocation fait suite à la publication par Reporters sans frontières (RSF) d’un communiqué relatif à la suspension de GMT, ainsi que d’autres médias gabonais par la HAC.

Intitulé « Gabon : la HAC récidive et suspend l’un des premiers sites d’information du pays », RSF y dénonce une « régulation répressive des médias par la HAC ». Un jugement quelque peu hâtif qui fait peu de cas des faits sur lesquels le régulateur des médias gabonais a été amené à se prononcer.

Pour ce proche de la direction de la HAC, ce genre ne communiqué relève, selon lui, d’un autre temps. « Nous ne sommes plus dans les années 1990. RSF n’est pas une organisation neutre. Elle ne connait pas véritablement le Gabon. Les médias qui ont été sanctionnés l’ont-ils été arbitrairement ? Non. Les médias sanctionnés ont-ils violé la réglementation qui s’applique aux médias au Gabon ? Oui. La sanction est-elle proportionnée ? Oui. Donc, qu’on laisse la HAC faire son travail », commente ce fin connaisseur des médias au Gabon et dans le reste de l’Afrique francophone, qui rappelle au passage à RSF, non sans ironie, que « la liberté d’informer ne va pas jusqu’à colporter des mensonges ».

Tout en ne se disant pas dupe sur ce genre de communiqué (« Seul GMT fait l’objet d’un communiqué alors qu’une trentaine de médias ont été sanctionnés »), ce spécialiste évoque le caractère contre-productif de ce genre de procédé. « On voit bien l’objectif poursuivi à travers la publication de ce type de communiqué, qui est tout sauf spontané. Mais si quelqu’un pense que cela peut faire infléchir, ne serait-ce que d’un demi millimètre la position de la HAC, il se met le doigt dans l’œil », explique-t-il.

Et de lâcher en conclusion : « Plutôt que de tenter de faire pression depuis l’étranger sans aucun effet sur le régulateur national, je ne saurais trop conseiller aux médias de respecter la réglementation qui prévaut au Gabon. C’est beaucoup plus simple et beaucoup plus efficace », glisse-t-il.

Pour rappel, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a suspendu le site d’information en ligne Gabon Media Time de diffusion pour une durée d’un mois suite à la publication d’un article colportant des « faits inexacts » et des « allégations mensongères » (lire notre article). Un autre média, La voix du peuple, a également été sanctionné dans le même temps et de la même manière. Quelques jours plus tôt, la HAC avait suspendu une trentaine de médias pour, cette fois-ci, non régulation de leur situation juridique dans les délais impartis (lire notre article).

Après avoir longtemps fait preuve d’une très grande tolérance – d’aucuns parlent de permissivité – vis-à-vis des médias en ligne, peu régulés contrairement aux médias traditionnels, la HAC semble décidée à mettre de l’ordre dans un secteur où le professionnalisme et le respect de l’éthique journalistique ne sont hélas pas toujours de mise.