Censure des médias russes en Europe : « Si l’Afrique avait pris une décision similaire, RSF aurait déjà poussé des cris d’Orfraie ! » (journaliste)

Christophe Deloire, le président de RSF, association accusée de pratiquer le deux poids deux mesures © DR

L’Europe s’apprête à interdire de diffusion sur son territoire les médias russes comme Russia Today et Spoutnik qu’elle accuse de « propagande ». Cette décision est perçue par l’Afrique avec circonspection. Non qu’elle en remette en cause la pertinence en l’espèce mais en raison du deux poids deux mesures qu’elle soustend. Que n’aurait-on pas entendu en effet si un pays africain avait pris une telle décision ? De fait, ce que l’on admet pour l’Europe, on le dénie pour l’Afrique.

« Russia Today et Spoutnik sont des outils de propagande qui instrumentalise, déverse des contre-vérités et qui sont en soutien de l’agresseur. Donc, il faut les interdire bien évidemment. Mais il faut les interdire partout en Europe. C’est une décision européenne qui s’appliquera partout sur le continent », a déclaré ce mardi 1er mars le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian.

Une décision qui est loin de faire l’unanimité, en Europe, parmi les journalistes. « Cette russophobie est devenue sans limite. On est en train de faire ici, en France, ce que Poutine fait avec la presse chez lui. C’est-à-dire que quand quelqu’un n’est pas d’accord avec lui, il le musele », a déploré ce matin sur Radio Classique le grand reporter (…) RT France, c’est 176 salariés, tous Français, qui se retrouvent aujourd’hui au chômage », a déploré Régis Le Sommier, grand reporter français.

En Afrique, on pointe davantage le deux poids deux mesures dans les réactions que cette décision suscite. « Que n’aurait-on pas entendu si un pays africain avait pris une telle décision. On aurait aussitôt entendu Reporters sans frontières pousser des cris d’Orfraie », a écrit ce mardi un éditorialiste d’un des plus grands journaux sénégalais.

En janvier dernier, RSF s’était insurgé contre les sanctions infligées par les autorités gabonaises à un « média » qui avait qualifié le président de « fou » (lire notre article).

Pour Reporters sans frontières, à l’évidence, ce qui est insupportable au sud du Sahara est tolérable au-delà…