Biens mal acquis : Sur les réseaux sociaux, les Gabonais fustigent le « néo-colonialisme » de la justice française

La justice française très critiquée sur les réseaux sociaux gabonais © DR

L’article de Mediapart publié lundi 21 février sous le titre « La charge d’un juge d’instruction français contre le président du Gabon » a été fraichement reçu par les internautes gabonais. Si certains estiment « légitime » de faire la lumière sur cette affaire, la très grande majorité s’interroge sur l’attitude consistant pour un juge français de mettre en cause, non sans quelque légèreté, le président d’un pays tiers, fût-il africain.

Pour une fois, que l’on soit proche de l’opposition ou de la majorité, il y a unanimité. Au Gabon, c’est suffisamment rare pour être souligné.

Publié lundi 21 février sous le titre « La charge d’un juge d’instruction français contre le président du Gabon », l’article de Mediapart a eu un mérite : celui de souder les Gabonais derrière leur chef de l’Etat alors que celui-ci est mis en cause par un juge d’instruction français dans l’affaire des BMA, non sur la base de preuves matérielles mais de supputations (lire notre analyse).

C’est en effet un tombereau de critiques sur la justice française qui a déferlé en quelques heures dans la « Gabosphere », nom donné à l’écosystème des réseaux sociaux au Gabon.

Outre cette absence de preuves véritables permettant d’attraire dans le dossier le président gabonais, Ali Bongo Ondimba – dans le but, s’en dit convaincu Axel sur Twitter, de « salir son image » – ; outre le fait qu’il s’agit, selon d’autres, du « procès du passé, celui d’une époque révolue », comme l’écrit Martin, enseignant à Port-Gentil –, l’essentiel des critiques se concentrent sur la justice française.

« Sans me prononcer sur le fond, est-ce réellement à Paris qu’une telle affaire devrait être jugée ? Ni a-t-il pas là quelque chose d’anachronique », fait observer sur Twitter David, un cadre de l’Union nationale (UN), un parti d’opposition et donc peu suspect d’accointances avec le président de la République.

Dans le même registre, d’autres font observer la « partialité » de la justice française qui « s’en prend aux plus faibles et se gardent bien d’épargner les puissants », pour reprendre un message circulant depuis lundi sur le réseau WhatsApp. Ce qu’Akim, ingénieur dans l’industrie pétrolière, résume sur Facebook, d’une formule évocatrice : « Imagine-t-on la France prendre de telles sanctions vis-à-vis de Vladimir Poutine, Xi Jiping ou l’émir du Qatar ? (…) la justice française rappelle la Cour pénale internationale (CPI) qui ne semble être là que pour juger des Africains. »

Au final, l’article de Mediapart a produit un effet : refaire l’unité des Gabonais autour de leur président. Ce n’est probablement pas à celui-ci que ses promoteurs s’attendaient.