Vendredi 14 juillet, des responsables de l’opposition (Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo, Bertrand Zibi, Raymond Ndong Sima…) ont protesté de façon théâtrale sur l’esplanade du Sénat contre des modifications portées au Code électorale. Des ajustements somme toute mineurs mais qui surtout avait été demandés par ces mêmes leaders de l’opposition dans un mémorandum déposé en mai 2022.
Au Gabon, l’opposition ne s’embarrasse pas de contradictions.
Dans le « plaidoyer des partis politiques de l’opposition pour une réforme du système électoral national » signé en mai 2022, ses principaux responsables invitaient le gouvernement à engager un certain nombre de réformes afin de créer « les conditions d’une compétition électorale équitable ».
A en croire les signataires de ce mémorandum, cette équité électorale passe, entre autres, par plusieurs ajustements, dont la « suppression de l’enveloppe accolée ».
Or, le 14 juillet dernier, ces mêmes signataires, dans l’enceinte du Sénat ont, à grands fracas, dénoncé cette mesure qu’ils appelaient pourtant de leurs vœux un an plus tôt, poussant le Centre gabonais des élections, composé de manière paritaire de membres de la majorité et de l’opposition, a rappelé, lors d’une conférence de presse hier, lundi 17 juillet, que les modifications portées à la loi électorale ne sont que la prise en compte des demandes de l’opposition…
Mesure de bon sens
Sur le point particulier de la suppression de l’enveloppe poubelle accolée à l’enveloppe qui sert pour l’électeur à mettre le bulletin de son candidat, le président du CGE Michel Stéphane Bonda, tout en rappelant que c’est cette même opposition qui l’avait réclamé, a précisé qu’il « s’agit d’une mesure de bon sens visant à décomplexifier l’acte de votation et de rendre fluides les opérations électorales le jour du vote ».
Pour les observateurs, cette contradiction flagrante (dénoncer aujourd’hui une mesure demandée hier) qui confine à la mauvaise foi accrédite l’idée que la séquence du 14 juillet au Sénat n’était qu’un mauvais théâtre dont le but réel était non pas de dénoncer la modification de la loi électorale mais d’allumer un contrefeu afin de faire oublier le plus tôt possible l’interview, catastrophique pour l’opposition, donnée par Jean Ping la veille sur RFI et France 24 (lire notre article).