Afrique centrale : La Guinée équatoriale s’enfonce dans la crise, le Gabon résiste

La Guinée équatoriale et son président, Teodoro Obiang Nguema, les traits tirés, traversent actuellement une très mauvaise passe © DR

Le gouvernement de la Guinée équatoriale a collectivement démissionné ce vendredi sa démission au président Teodoro Obiang Nguema. Celui-ci s’est estimé dans l’incapacité de faire face à la crise économique, accentuée par la crise sanitaire, qui frappe le pays. Le chef de l’Etat a même évoqué une possible insolvabilité du pays. Une situation qui tranche avec celle de son voisin, le Gabon, qui a su mieux appréhender la crise sanitaire et économique liée au Covid-19.

Destins croisés. Pourtant voisins, la Guinée équatoriale et le Gabon sont sur des trajectoires bien différentes. Alors que le second sort renforcé de la crise sanitaire, le premier semble irrémédiablement s’enfoncer.

Ce vendredi 14 août, Le gouvernement de la Guinée équatoriale a remis sa démission au président Teodoro Obiang Nguema, lors d’un conseil des ministres extraordinaire, a annoncé le gouvernement dans un communiqué.

Le président a déploré « que le gouvernement sortant n’ait pas rempli ses fonctions ou atteint les objectifs programmés », selon ce communiqué. « Le gouvernement se voit obligé de prendre des mesures de rigueur pour compenser une possible insolvabilité », a précisé le président.

Un nouveau gouvernement devrait être annoncé dans les prochains jours par le président Obiang Nguema.

Dépendance au pétrole en Guinée

« Cette démission intervient dans un contexte de crise économique accentuée par la crise sanitaire. La pandémie de Covid-19 n’a fait qu’empirer la situation économique de la Guinée équatoriale, qui était déjà en récession depuis quelques années. La pandémie a provoqué l’effondrement des cours de l’or noir ce qui affecte fortement les finances de ce petit pays d’Afrique centrale très dépendante de la manne pétrolière. Le pétrole et le gaz représentant en effet plus de 90 % des recettes à l’exportation », explique RFI.

Ces dernières années, la Guinée n’a pas suffisamment diversifié son économie quand les cours du brut étaient plus élevés, ce qui la rend vulnérable face aux crises.

Tout l’inverse en quelque sorte du Gabon qui, au tournant des années 2010, a entrepris à marche forcé de diversifié son économie. Le président Ali Bongo a, par exemple, imposé, quelques mois après son élection, une première, puis une deuxième transformation pour pouvoir exporter des grumes. Résultat : dix ans plus tard, l’industrie du bois est devenue l’une des plus puissantes du pays. Dans les prochaines années, celles-ci devraient créer 50 000 emplois qualifiés. Et peut-être encore davantage car tout récemment, une troisième transformation a été imposée avant de pouvoir exporter des grumes.

Diversification économique au Gabon

Aujourd’hui, l’économie gabonaise est davantage diversifiée qu’elle ne l’était il y a dix et, a fortiori, vingt ans. L’objectif des autorités est, à terme, de remplacer l’industrie pétrolière, considérée comme polluante et faiblement créatrice de valeur ajoutée par, en autres, l’exploitation durable du bois.

En parallèle, le pays, qui bénéficie du soutien du FMI, a entrepris dès 2017 d’assainir ses finances publiques. Les dépenses de fonctionnement ont été revues, la masse salariale dans la fonction publique diminuée et le niveau d’endettement abaissé (avant que ne survienne la crise du Covid-19).

Ces efforts sur les plan économiques ont sans doute permis au Gabon d’amortir les effets de la crise. « Le pays est l’un de ceux qui s’en sort le moins mal en Afrique », confie un représentant du FMI en Afrique centrale.

Un jugement qui vaut tant sur l’aspect économique que sanitaire. Le Gabon est en Afrique l’un des pays où la riposte contre le Covid-19 a été la plus efficace. Le pays est celui qui, par tête d’habitant, teste le plus sa population et où le taux de létalité, c’est à dire de mortalité dû au Covid-19 est le plus faible sur le continent (0,66 % contre 2,66 % sur l’ensemble du continent).

Selon l’OMS, le Gabon, où l’ensemble des indicateurs sont au vert, est aujourd’hui techniquement en passe de maîtriser la première vague de l’épidémie (lire notre article). Tout sauf un mince exploit.