Affaire Jean Rémy Yama : Bourde ou fake news ? Quand Tournons la page et Marc Ona Essangui se prennent les pieds dans le tapis

Le coordonnateur au Gabon de Tournons la page, Marc Ona Essangui © DR

L’association « Tournons la page », dont le coordonnateur au Gabon n’est autre que Marc Ona Essangui, a entrepris une campagne sur les réseaux sociaux pour tenter d’obtenir la libération du syndicaliste Jean Rémy Yama, pourtant accusé, preuves matérielles à l’appui, d’abus de confiance, d’escroquerie et de détournement de fonds publics. 

Est-ce une bourde du fait d’une méconnaissance de la façon dont fonctionne la Justice ou tout simplement une fake news ?

A la lecture du tweet diffusé lundi 13 juin par l’association « Tournons la page », il est permis de s’interroger.

« rien ne justifie (la) détention préventive (de Jean Rémy Yama). Aucune cour gabonaise a prononcé un jugement à l’encontre de Jean-Rémy Yama : il est donc présumé innocent », écrit Tournons la page sur son compte Twitter.

Apparemment, l’association – dont le coordonnateur au Gabon, Marc Ona, est connu pour son rapport distant à la vérité – ne semble pas connaitre le principe de « détention préventive », procédure qui consiste pour une personne mise en examen à être placée sous mandat de dépôt dans une maison d’arrêt en attendant son jugement. « Même un étudiant en droit de première année connait ce principe« , commente, sourire en coin, un proche du dossier.

En l’espèce, si Jean Rémy Yama a été placé en détention préventive, c’est en raison d’un précédent. Craignant d’être convoqué par la Justice en 2019 après ses propos injurieux et mensongers à l’encontre du président de la République (« Ali Bongo est mort », n’avait-il pas craint de déclarer), l’intéressé s’était enfuit en France avant de ne revenir au Gabon que plusieurs mois après. « Le risque de récidive était grand, d’où cette précaution prise par la Justice », explique notre source.

Mais ça n’est pas tout. Dans ce même tweet, Tournons la page, citant l’avocat de M. Yama, soutient que « c’est une affaire politique » et qu’ « il ne faudrait pas qu’on puisse le cacher ».

La réalité est quelque peu différente, comme le rappelle notre source. « M. Yama a été mis en examen le 2 mars dernier pour abus de confiance et escroquerie dans le cadre de l’affaire SCI Serpentin. Plus récemment, il a été inculpé de détournement de fonds publics. Et s’il l’a été, c’est qu’il existe une faisceau de preuves matérielles qui en attestent ».

« Le statut de syndicaliste ne confère pas une immunité judiciaire »

Dans cette affaire, Jean Rémy Yama est accusé d’avoir détourné à des fins personnelles l’argent public versé par le Trésor sur le compte courant de la SCI Serpentin dont il était le gérant et qui devait servir à viabiliser des terrains sur lesquels des logements pour les enseignants du supérieur devaient être construits (lire notre article). Las, les terrains n’ont jamais été viabilisés, les logements jamais construits et une partie de l’argent s’est évaporée en dépenses personnelles sur les Champs Elysées à Paris via la carte bleue de la société dont, en tant que gérant, M. Yama avait l’usage (lire notre article).

« Aux associations politisées, à l’opposition et aux médias qui les relaient de manière complaisante et pavlovienne sans faire leur travail, je rappellerais que le statut de syndicaliste ne confère pas une immunité judiciaire », prévient notre source.

Comme l’a rappelé récemment le porte-parole du gouvernement, Alain-Claude Bilie-By-Nze, au sujet d’une autre affaire judiciaire, « ça n’est pas dans les médias ou sur les réseaux sociaux mais devant les tribunaux qu’on fait des plaidoiries ». Des paroles que certains feraient bien de méditer.