Affaire du juge suspendu suite à une action en justice contre Ali Bongo au Gabon : Jean Ping estime « contre-productive » la démarche d’un collectif d’opposants

L'opposant Jean Ping mercredi 21 août dans son QG du quartier des Charbonnages dans le 1er arrondissement de Libreville © Facebook

Le leader de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR), qui tente de conserver son leadership sur l’opposition gabonaise, s’est montré critique à l’égard de l’initiative d’un groupe d’opposants qui entendaient demander en justice une expertise médicale contre Ali Bongo. 

De prime abord, cela pourrait paraître surprenant. Mais pour qui connait les méandres, souvent complexes, de la vie politique gabonaise, il n’y a là nulle surprise.

A l’issue d’une rencontre avec ses partisans mercredi 21 août en fin d’après-midi dans son QG du quartier des Charbonnages dans le 1er arrondissement de Libreville, Jean Ping s’est, pour le dire prosaïquement, lâché auprès d’une poignée de ses fidèles au sujet de l’initiative d’un groupe d’opposants qui entendaient faire constater en justice l’incapacité du président Ali Bongo à diriger le pays.

Une initiative, en contravention avec plusieurs principes constitutionnels (lire notre article), stoppée nette par le ministère de la Justice (lire notre article) suite à un avis émis par la Cour de cassation (lire notre article).

« Cette démarche était vouée à l’échec. On prend donc le risque de montrer à l’opinion, qu’une fois de plus, l’opposition n’est pas parvenue à ses fins. Au final, c’est contre-productif même si je vois bien l’idée de crier par la suite à l’injustice et à l’arbitraire. Mais ça n’aura aucun effet », a râlé Jean Ping auprès d’une poignée de ses proches.

Le leader de la CNR est, par la suite, allé un cran plus loin dans sa critique. « Je ne suis pas naïf. L’objectif de cette démarche n’était pas d’aboutir à ses fins mais d’attirer vers ses promoteurs la lumière médiatique », a-t-il confié. Et d’ajouter aussitôt : « En politique, il faut avoir le sens de l’efficacité et pas uniquement de la ‘com’. »

« Des seconds couteaux en mal de lumière médiatique »

Si Jean Ping, qui demande pourtant à ce que la vacance du pouvoir présidentiel soit déclarée, se montre si critique, c’est parce qu’il entend défendre son statut de leader de l’opposition, chèrement acquis en 2016.

Bien qu’il aura 81 ans en 2023, il entend se représenter une seconde fois à l’élection présidentielle. En privé, il ne tarit pas de critiques sur ses rivaux, en particulier Guy Nzouba-Ndama, le leader des Démocrates, et Alexandre Barro-Chambrier, le patron du RPM, ex-RHM.

Ping ne se montre pas plus tendre avec le collectif d’opposants regroupés au sein de l’Appel à agir. A plusieurs reprises, il les a qualifiés de « seconds couteaux en mal de lumière médiatique» Le leader de la CNR s’est d’ailleurs toujours évertué à cultiver une certaine distance avec ce petit groupe dont il se méfie, semble-t-il, des ambitions politiques.