5 millions d’euros d’amende pour diffusion de fake news : Pourquoi la condamnation de Bloomberg est suivie avec attention au Gabon

Le siège de l'agence Bloomberg à Londres © DR

L’autorité française des marchés financiers a infligé une amende record à l’agence de presse Bloomberg pour avoir diffusé « des informations qu’elle aurait dû savoir fausses » et qui avaient fait chuter l’action du groupe Vinci en 2016.

L’agence de presse Bloomberg, qui exerce une grande influence sur les salles de marché, s’est vu infliger ce lundi une amende record de cinq millions d’euros par le gendarme français des marchés financiers (AMF) pour avoir diffusé « des informations qu’elle aurait dû savoir fausses ».

Le 22 novembre 2016, en quelques minutes, l’action Vinci avait perdu 18 % de sa valeur. En cause, la diffusion par Boomberg d’un communiqué annonçant une révision des comptes du groupe de BTP pour des irrégularités « très graves ». Ce document était en réalité un faux grossier.

Une mésaventure qui, toutes choses égales par ailleurs, en rappelle une autre : celle vécue par le Gabon en septembre dernier. L’agence Bloomberg avait alors publié un article lunaire sous le titre « Gabon President Hospitalized in London as Health Deteriorates », dans lequel étaient évoqués l’hospitalisation du président et son mauvais état de santé. Des allégations totalement erronées (lire notre article). Ne s’appuyant sur aucun élément matériel et ne citant que deux sources anonymes, l’article ne semble avoir eu pour objet que de nuire au pays en dissuadant les potentiels investisseurs de s’y intéresser.

Entreprise de déstabilisation

A Libreville, celui-ci n’a cependant leurré personne. « Même un stagiaire n’aurait pas écrit un tel article, tant il n’a rien à voir avec le journalisme (…) Il s’agit en réalité d’une entreprise de déstabilisation. Nous savons pertinemment qui sont les sources dites anonymes de Bloomberg et nous connaissons leurs motivations à travers la diffusion de ce type de fausses nouvelles », explique cette source bien informée qui précise par ailleurs que le timing de diffusion n’était pas anodin. « Le président et sa famille étant à ce moment-là à Londres, il s’agissait de les toucher le plus fortement. Quoi de mieux pour ça que l’agence Bloomberg qui alimente l’ensemble des médias anglophones », précise cette même source. 

Même si ce genre d’attaque n’a eu, au final, aucun impact, ni sur le plan politique, ni sur le plan économique – « ça a eu le même effet qu’un coup d’épée dans l’eau », se gosse notre source -, des suites pourraient toutefois être données à cette affaire, laisse-t-on entendre du côté de Libreville.