Vraie-fausse convocation à la DGR : L’avocat Jean Paul Moumbembe s’inspirerait-il des méthodes de Me Anges Kevin Nzigou ?

Me Jean Paul Moubembé © DR

Me Jean Paul Moumbembé, avocat au barreau de Libreville, dit avoir reçu des appels lundi matin de la Direction générale des recherches (DGR) lui demandant de se présenter pour audition suite, croit-il savoir, à une plainte pour dénonciation calomnieuse dans l’affaire opposant Noureddin Bongo à quatre leaders de la société civile. Des affirmations à prendre avec des pincettes car ne reposant sur aucune preuve matérielle ni aucun témoignage si ce n’est celui de l’intéressé.

Me Jean Paul Moumbembé serait-il inspiré par son jeune confrère Anges Kevin Nzigou, réputé pour ses coups d’éclat médiatiques et son rapport distant avec la réalité ? A en juger par ses dernières déclarations, beaucoup sont portés à le croire.

Ce lundi sur les coups de 11 heures, en pleine audience au tribunal de Libreville pour Bertrand Zibi, dont il assure la défense, Me Moumbembe dit avoir reçu deux coups de fil de la DGR, le convoquant verbalement au camp Roux suite à une plainte pour dénonciation calomnieuse.

Aussitôt, l’intéressé, très proche de l’opposition gabonaise, croit savoir qu’il s’agirait d’une plainte dans le cadre de l’affaire opposant les quatre syndicalistes (Georges Mpaga, Marcel Libama, Ghislain Malanda et Jean-Rémy Yama) au coordonnateur général des affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin, devenue la cible privilégiée des activistes et opposants de tout poil.

Problème, cette histoire, pour le moins rocambolesque, ne repose sur aucun élément matériel et sur un seul témoignage : celui de l’intéressé lui-même. « Me Moumbembe n’a sans doute pas médité ce passage de l’Évangile selon Saint-Jean, qui rappelle que ‘si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n’est pas digne de foi », raille un des confrères.

Cette affaire semble d’autant plus étrange que Me Moumbembe dit avoir reçu deux coups de téléphone ce lundi en pleine audience au cours de l’affaire Zibi. Des affirmations surprenantes. « Imagine-t-on cet avocat décrocher à ce moment-là son téléphone pour savoir que c’est la DGR qui est au bout du fil ? Non, évidemment. Dès lors, pour savoir qu’il s’agit bien de la DGR, il doit être en possession de messages sur son répondeur. En ce cas, pourquoi ne les reproduit-il pas pour appuyer ses affirmations ? », s’interroge, circonspecte, une source judiciaire qui trouve cette histoire peu crédible. Pour lui, il pourrait s’agir d’une action préventive. « Me Moumbembe, qui a peut être quelque chose à se reprocher et qui craint d’être convoqué par la DGR, crie par anticipation à la convocation afin que cela n’arrive pas », évoque-t-il en guise de motivation possible, soulignant qu’« il s’agit-là d’une stratégie classique ». Pour d’autres encore, en pleine affaire Zibi (Me Moumbembe est l’avocat de Bertrand Zibi, NDLR), il s’agirait d’une stratégie médiatique : montrer que le Gabon n’est pas un Etat de droit et que, par conséquent, ses décisions de justice ne sont pas légitimes.

Une affaire dans l’affaire

A cette première affaire s’en ajoute une autre. Me Moumbembe, qui a tenu a donné l’écho médiatique le plus fort possible à cette abracadabrantesque affaire, a tenu des propos qui ont aussitôt créé la polémique. « Même si je m’étais constitué (dans le cadre de l’affaire sur la plainte des quatre activistes, NDLR), Noureddin Bongo ne peut pas me poursuivre pour dénonciation calomnieuse. J’aurais été dans l’exercice de mes fonctions d’avocat », a cru bon de déclarer l’avocat.

Des propos révélateurs du sentiment de supériorité et d’impunité qui animent certains avocats, en particulier ceux réputés proches de l’opposition. « Certains avocats se croient intouchables au motif qu’ils incarneraient le camp du Bien – l’opposition – contre le camp du Mal – le pouvoir. Et s’ils sont inquiétés, ils crient aussitôt à l’arbitraire et à l’atteinte à l’Etat de droit. Mais, en tant que juristes professionnels, il devrait avant tout garder à l’esprit le fait que personne n’est au-dessus des lois. Ce sont des justiciables comme les autres », fait observer un magistrat très expérimenté qui déplore, sans les nommer, « ceux qui dans la profession confondent le droit et la politique et n’hésitent pas à prendre leur distance avec la vérité. » Manifestement, Anges Kevin Nzigou a fait des émules dans la profession.