Violences en marge du concert de Fally Ipupa à Paris : La France appelée à plus de fermeté pour mettre fin à l’impunité

Les abords de la Gare de Bercy à Paris vendredi 28 février 2020 © DR

De violents incidents ont eu lieu vendredi 28 février en fin d’après-midi aux abords de la Gare de Lyon, non loin de la salle de concert où devait se produire la star congolaise Fally Ipupa. Profitant de la faiblesse de l’autorité de l’Etat et du laxisme de la justice en France, des minorités activistes au sein des diasporas d’Afrique centrale se livrent à des actes qu’elles ne s’autoriseraient nulle part ailleurs.

Scooters et mobilier urbain incendiés, pompiers violentés, insultes, bagarres… C’est un bien triste spectacle qu’ont donné hier vendredi les combattants, comme ils se dénomment, de la diaspora RD congolaise près de la Gare de Lyon à Paris. Ils entendaient ainsi s’opposer au concert de Fally Ipupa, la star de la chanson à leur goût trop proche de l’ex-président Joseph Kabila, programmé ce vendredi à l’AccorHotels Arena à Bercy dans le 12ème arrondissement de la capitale française.

A 19h, 23 personnes auraient été arrêtées et 54 personnes verbalisées, rapporte l’AFP. « Ils sont gardés à vue quelques heures plus relâchées. Quant aux amendes, seront-elles un jour payées », se demande un policier excédé qui rappelle que ces violences sont devenues habituelles en France. Elles ne concernent d’ailleurs pas, loin s’en faut, que la RDC, mais la plupart des Etats de l’Afrique centrale : le Congo-Brazzaville, le Cameroun et… le Gabon.

Pour ce policier, c’est le sentiment d’impunité qui prévaut chez les personnes qui se livrent à de tels comportements qui en serait à l’origine. « Le problème, c’est que face à ces actes délictueux, les poursuites sont rarissimes et les condamnations aussi. Ces personnes jouissent donc d’un sentiment d’impunité », confirme une autre source policière.

L’Etat gabonais, régulièrement victime de ce genre de comportement, a déposé plainte à de multiples reprises. Aucune suite n’y a à présent été donnée. « L’ambassadeur français à Libreville est convoqué, il fait acte de contrition, le Quai d’Orsay exprime sa réprobation mais il ne se passe rien. Strictement rien. Des mots. Rien que des mots », est forcé de reconnaître un diplomate français qui pointe du doigt les effets négatifs sur l’image de la France et sur la qualité de ses relations diplomatiques.

Mais les autorités des pays concernés ne sont peut-être pas les plus atterrées. L’opinion publique française nourrit une incompréhension et un agacement de plus en plus forts face à des tels actes, qu’elle perçoit comme le signe du manque d’autorité de l’Etat et d’un trop grand laxisme.

S’en faisant l’écho, l’ambassadeur de l’Union européenne auprès de la RDC, Jean-Marc Châtaignier, a réagi hier avec un ton inhabituel sur Twitter. Ces violences sont à tous égards inadmissibles. « Nul n’a le droit d’agir ainsi dans son pays, a fortiori dans son pays hôte. Vouloir censurer l’expression d’un artiste Fally Ipupa ne fait en rien avancer une quelconque cause », a-t-il indiqué.

Plusieurs autres voies se sont également élevées parmi les responsables politiques, appelant à « mettre un terme à des tels actes qui n’ont lieu avec une telle violence qu’en France », comme l’a fait remarquer l’un d’entre eux. « Cela serait impensable par exemple aux Etats-Unis car les sanctions y sont très dissuasives », explique un spécialiste qui rappelle que « la sécurité est la demande numéro un des Français. Il est par conséquent urgent pour les politiques de rétablir l’autorité de l’Etat si l’on ne veut pas déstabiliser le corps social », alerte-t-il.