Trump, Ouganda, Gabon… Face à la censure sélective, les réseaux sociaux sous le feu des critiques

Donald Trump © DR

Les comptes de Donald Trump suspendus par plusieurs réseaux sociaux, dont Facebook, Instagram et Twitter. Fermeture par Facebook des comptes de plusieurs responsables gouvernementaux ougandais à l’approche de l’élection présidentielle… Accusés d’ingérence politique et de sélectivité, les réseaux sociaux sont sous la menace de plus en plus forte d’une régulation. 

Si la décision prise par Twitter de supprimer le compte personnel de Donald Trump suscite un vif débat dans le monde, en Afrique aussi les Gafam agissent et sévissent. Facebook a fermé ces derniers jours les comptes de plusieurs responsables gouvernementaux ougandais accusés d’interférences dans le débat public, à l’approche de l’élection présidentielle qui doit se tenir jeudi dans ce pays d’Afrique de l’Est.

« Ce mois-ci (janvier), nous avons fermé un réseau de comptes et de pages en Ouganda qui étaient impliqués dans un comportement inauthentique coordonné visant à influer sur le débat public en amont de l’élection », a indiqué dans un courriel à l’Agence France-Presse la responsable de la communication de Facebook pour l’Afrique subsaharienne Kezzia Anim-Addo.

« Ils utilisaient de faux comptes ou des comptes dupliqués pour gérer des pages, commentaient le contenu d’autres personnes, se faisaient passer pour des utilisateurs, partageaient des contenus dans des groupes pour les faire apparaître plus populaires qu’ils n’étaient », a précisé la responsable. « Étant donné l’imminence de l’élection en Ouganda, nous avons réagi rapidement pour enquêter et faire tomber ce réseau. Nous avons découvert que ce réseau était lié au Groupe d’interaction des citoyens avec le gouvernement du ministère de l’Information […] en Ouganda », a précisé Facebook.

Appel à une véritable régulation

Mais la suspension des comptes du président américain n’ont pas abouti à la réaction escomptée. La plupart des dirigeants dans le monde ont en effet fustigé le pouvoir exorbitant que s’arroge les réseaux sociaux. L’ancienne ambassadrice de Trump à l’Onu, Nikki Haley, très populaire aux Etats-Unis, est montée au créneau en affirmant que « réduire les gens au silence de la sorte est quelque chose qui se passe en Chine, pas dans notre pays ». La chancelière allemande Angela Merkel a, elle, jugé « problématique » la fermeture par plusieurs réseaux sociaux, dont Twitter, des comptes du président sortant américain Donald Trump. Le secrétaire d’Etat français au numérique, Cédric O, a, quant à lui, appelé à une régulation plus forte des réseaux sociaux. Ces réseaux sociaux « pose un problème car ils structurent le débat démocratique (…) Ils ont acquis une taille et une empreinte sur nos vies déraisonnables », a-t-il fait observer.

« Les GAFA fonctionnent désormais de la même manière que les médias traditionnels »

D’autres, tout aussi nombreux, critiquent la censure sélective pratiquée par ces réseaux sociaux, s’en prenant aux uns et épargnants largement les autres. « Il y a une forme de rétablissement du délit d’opinion et de la censure comme outil d’action politique pour ces plateformes. On peut parler de nouvelle prohibition avec cette atteinte à la liberté d’expression », explique l’essayiste Anne-Sophie Chazeaud, auteur de « Liberté d’inexpression : des formes contemporaines de la censure ».

« Les GAFA fonctionnent désormais de la même manière que les médias traditionnels : ils disent la même chose, pensent la même chose et pratiquent la même censure. Ils deviennent en réalité des prescripteurs d’opinion selon une partition entre mondialistes d’un côté et souverainistes de l’autre », poursuit-elle.

Activistes gabonais et fake news

Un constat observé partout dans le monde, y compris au Gabon. Alors que les activistes de l’opposition radicale au sein de la diaspora utilisent allègrement les fake news pour polluer le débat public, comme l’a clairement analysé la politologue Delphine Lecoutre (écouter son interview sur RFI), ils semblent jouir d’une totale impunité. Pour l’instant tout au moins. Il se pourrait fort en effet que les choses changent prochainement.