Tournée « républicaine » de Brice Laccruche Alihanga : L’activiste Laurence Ndong « recadre » Alain-Claude Bilie-By-Nze

Brice Laccruche Alihanga (à gauche) accueilli par Alain-Claude Bilie-By-Nze lors de son passage en septembre 2019 dans l'Ogooué-Ivindo dans le cadre de sa tournée en province © DR

Connue pour sa proximité avec le régime de Vladimir Poutine et son french bashing, l’activiste gabonaise Laurence Ndong s’est fendue hier, vendredi 27 novembre, d’un post sur sa page Facebook dans lequel elle dénonce les propos « lunaires » du ministre des Affaires étrangères, Alain-Claude Bilie-By-Nze, lors d’une interview à RFI cette semaine au sujet de la tournée « républicaine » effectuée en septembre et octobre derniers par l’ex-directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga, aujourd’hui sous les verrous dans le cadre de l’opération anti-corruption. 

Les propos jugés par les uns ambiguës, maladroits par les autres, du ministre gabonais des Affaires étrangères « Invité Afrique » de RFI cette semaine ne laissent de faire polémique.

Hier, vendredi, c’est l’activiste Laurence Ndong, l’ex-porte-parole de Jean Ping en 2016, connue pour sa proximité avec le régime de Vladimir Poutine et son french bashing (alors même qu’elle se dit « réfugiée » en France), a, dans un post Facebook, pointé du doigt les explications d’Alain-Claude Bilie-By-Nze au sujet de la tournée « républicaine » effectuée par l’ex-directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga, aujourd’hui visé dans le cadre de l’opération anti-corruption.

Après avoir expliqué que « c’est une tournée que (M. Laccruche Alihanga) avait engagée en indiquant qu’il était porteur d’un message du chef de l’État. On s’est rendu compte finalement, au vue de la tournure des événements, qu’il n’en était rien », le ministre des Affaires étrangères, relancé par le journaliste Christophe Boisbouvier, lâche : « Au vue des décisions qui ont été prises par le chef de l’État par la suite, il semble en effet que c’était de sa propre initiative et c’est bien dommage» Des propos jugés maladroits dans le camp de la majorité car susceptibles d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui trompettent qu’ « Ali Bongo ne contrôle rien. »

Pour Laurence Ndong, dont l’activisme consiste pour l’essentiel en des posts Facebook et des tweets, l’occasion était trop belle de réagir. « M. Billy-By-Nze dit que le messager intime Brice Fargeon alias Laccruche Alianga n’aurait pas reçu l’aval de son président pour la tournée républicaine qu’il a faite », rappelle l’activiste 2.0 avant d’enchaîner par une série de questions. « 1- Quand lui-même (Bilie-By-Nze), le Premier Ministre et tous ceux qui ont accueilli triomphalement le messager intime dans leur province respective l’ont fait, ils n’avaient pas pris soin de vérifier auprès de leur chef à tous qu’il était bien envoyé par lui ? 2- Durant cette période, le Premier Ministre, le Ministre des Affaires Étrangères n’avaient donc aucun contact avec leur président de la République pour savoir si c’était bien lui qui avait instruit son DC de réaliser cette tournée ? 3- Leur President n’a-t-il pas été informé de cette tournée pendant qu’elle se tenait ? Mieux, il a lui-même (le président) pris part à la clôture de ladite tournée au stade de Nzeng-Ayong, à quel titre ? », argumente Laurence Ndong.

Quelle est la réalité ?

Au-delà de la polémique politicienne suscitée par l’opposition et alimentée, il est vrai, par les propos pour le moins hasardeux du ministre sur RFI, il n’y a aucun mystère sur la manière dont les choses se sont passées, comme l’a expliqué à La Libreville un proche du chef de l’Etat. « Un, La tournée de Brice Laccruche Alihanga s’est faite avec l’aval du Président de la République. Sans cela, elle aurait été impossible. Deux, cette tournée devait répondre à un cahier des charges très strict, avoir un contenu précis, à savoir porter en province la parole du chef de l’Etat et recueillir les attentes des populations », indique cette source haut placée. « Il semblerait qu’au fil des étapes, l’intéressé se soit affranchi du mandat qui lui avait été confié », cingle-t-elle.

Depuis la rentrée de septembre dernier, Ali Bongo Ondimba, qui avait été contraint de déléguer suite à un AVC survenu en octobre 2018, a repris l’ensemble des commandes du pays. Très investi ces derniers temps dans le champ régalien (sécurité intérieure, défense, diplomatie), faisant notamment un retour remarqué sur la scène internationale à l’occasion d’un sommet extraordinaire de la CEEAC, il s’est également à nouveau emparé personnellement des questions relevant de l’amélioration des conditions de vie au quotidien des populations (routes, éclairages publics, ramassage des ordures ménagères, etc.).