En visite privée à Paris, Zacharie Myboto, le président de l’Union Nationale, a dénoncé les tentatives d’agression dont il a été l’objet. Les partisans de Jean Ping au sein de la diaspora gabonaise en France sont montrés du doigt. Explication.
« En visite à Paris pour des raisons privées, le président Zacharie Myboto a été victime, le lundi 23 avril courant, d’une traque. Une vidéo montrant trois compatriotes tentant de pénétrer dans une propriété qu’ils disent à tort être la sienne, circule depuis quelques jours sur le net », indique un communiqué de l’UN diffusé hier.
Et celui-ci de poursuivre : « les auteurs de ces actes qui se réclament de la diaspora proche de la Coalition pour la Nouvelle République (CNR) à laquelle fait partie l’Union Nationale, ont, en plus des injures et autres propos diffamatoires envers le président Zacharie Myboto, affirmé que leur acte était motivé par la décision prise par notre Parti de participer aux prochaines élections législatives, ce qui, selon eux, est une trahison vis-à-vis de la CNR. »
C’est donc la décision de l’Union Nationale de participer aux prochaines élections législatives au Gabon qui serait, selon ce parti, à l’origine de ces « attaques » perpétrées par la diaspora gabonaise. Cette dernière s’est, il est vrai, régulièrement livrée, ces derniers temps, à des actions coup-de-poing, parfois accompagnées de violences. D’habitude, celle-ci s’en prend aux partisans du pouvoir en place. Mais cette fois-ci, un pas a été franchi avec l’attaque d’un des membres les plus éminents de l’opposition.
L’UN dénonce le silence complice de Jean Ping
Un événement qui passe d’autant plus mal aux yeux de Zacharie Myboto que Jean Ping s’est abstenu de toute condamnation. Dans son communiqué, l’UN dénonce le « silence complice des uns », une référence à peine voilée à l’absence de réaction du leader de la Coalition pour la Nouvelle République. « A travers cette formule, c’est bien monsieur Ping qui est visé », confie l’un des rédacteurs de ce communiqué. Une attitude qui contraste avec celle des autres leaders de l’opposition. Sur Twitter, Alexandre Barro Chambrier, le président du Rassemblement Héritage et Modernité a fermement condamné cet acte. « S’en prendre à notre très respecté père, le président Zacharie Myboto, ça n’est pas de la résistance mais de la lâcheté », a-t-il réagi. En attendant, l’UN a réaffirmé sa volonté de participer aux prochaines élections législatives.
Décidément, ce scrutin – dont on ignore toujours la date exacte – ne laisse de diviser l’opposition gabonaise qui avait soutenu Jean Ping comme un seul homme lors de l’élection présidentielle de 2016. Une minorité, restée fidèle à l’ancien président de la Commission de l’Union africaine, refuse catégoriquement d’y participer de peur, selon elle, de légitimer de fait l’élection d’Ali Bongo Ondimba en 2016. C’est le cas notamment de l’ancien Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong, qui fait campagne pour le boycott de ce scrutin.
Mais la majorité de l’opposition, anciennement proche de Jean Ping, a fait elle le choix d’y participer. C’est le cas de Zacharie Myboto, d’Alexandre Barreau Chambrier, de Guy Nzouba Ndama ou encore de David Mbadinga. Tous ces leaders entendent jouer le jeu des institutions afin de contester, non pas en dehors mais au sein du système, le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba.
« Les tentatives d’agression dont a été l’objet Zacharie Myboto contribuent à fissurer un peu plus le front de l’opposition, dont l’union n’est plus qu’un lointain souvenir », regrette un ex-député national, farouche opposant au pouvoir en place. Un avis de plus en plus partagé par les observateurs au Gabon.