Qui sont les ministres à suivre dans le gouvernement Issoze Ngondet III qui vient d’entrer en fonction au Gabon ? La Libreville vous livre une série de mini-portraits sur celles et ceux qui retiennent notre attention au sein de la nouvelle équipe gouvernementale.
Le premier d’entre eux est consacré à Jacques Denis Tsanga. Le nouveau ministre des Eaux et Forêts, une fonction stratégique au Gabon où la forêt équatoriale, la plus étendue au monde après la forêt amazonienne, occupe 80 % du territoire nationale et où la filière bois est l’un des moteurs de l’économie.
Il grimpe les échelons du pouvoir à vitesse grand « V ». Et pourtant, Jacques Denis Tsanga n’a pas le profil d’un homme pressé. « C’est quelqu’un de posé et de réfléchi », confie un de proches. « Au gouvernement, il représente l’expérience et la sensibilité des territoires car il est l’un de nos gouverneurs les plus capés », se réjouit une source gouvernementale.
En 2016, alors gouverneur de l’Estuaire, qui inclut la capitale, Libreville, Jacques Denis Tsanga est nommé dans une autre province politiquement stratégique : celle du Haut-Ogooué, dans le sud-est du pays, d’où est originaire le président, Ali Bongo Ondimba. Une nomination qui intervient quelques mois seulement avant une élection présidentielle décisive – en août – et dont le Haut-Ogooué aura été l’une des provinces clés…
Depuis cette épisode, Jacques Denis Tsanga, qui a la réputation d’être un grand commis de l’Etat, s’est concentré sur ses fonctions jusqu’à accueillir le mois dernier le président de la République pour la cérémonie de lancement en grandes pompes à Franceville du Fonds d’Initiative Départementale (FID), un outil destiné à approfondir la décentralisation et développer économiquement le pays en tout point de son territoire. Un déplacement présidentiel qui s’est déroulé sans accroc. Peut-être est-ce à ce moment-là que Jacques Denis Tsanga a été mis au courant de sa possible nomination comme ministre au sein d’un futur gouvernement…
Quoi qu’il en soit pendant près deux ans, l’homme, originaire de l’Ogooué-Lolo, a pu observer les mutations politiques à l’œuvre dans le Haut-Ogooué qui, sous l’effet d’un renouvellement générationnel, tend à basculer d’un ancien monde, dominé par les barons du PDG, le parti au pouvoir, vers un nouveau monde. Dernier signe de cette mutation en cours : la sortie du gouvernement de Jean-Pierre Oyiba. L’ancien ministre d’Etat chargé des Infrastructures, des Travaux publics et de l’Aménagement du territoire n’a pas été reconduit le 4 mai dernier dans le gouvernement Issoze Ngondet III. Pire, lui qui voulait se présenter aux prochaines élections est désormais sous la menace de candidatures de jeunes loups et pourrait bien être contraint dans quelques mois à prendre une retraite politique forcée.
Mais pour Jacques Denis Tsanga, tout cela est sans doute du passé. Adieu Franceville et bonjour Libreville où l’attend le ministère des Eaux et des Forêts, chargé de l’environnement et du développement durable, où il succède à Pacôme Moubelet Bouyeba, baron du PDG – et ministre de l’Intérieur au moment de l’élection présidentielle d’août 2016 – qui lui aussi n’a pas été reconduit au gouvernement. Un poste stratégique au Gabon, pays recouvert à 80 % par la forêt équatoriale – la seconde plus importante au monde derrière la forêt amazonienne.
A ce titre, il reviendra notamment à Jacques Denis Tsanga de rendre le plus durable possible l’exploitation de la forêt, qui est un des atouts les plus précieux du pays, tout en renforçant la compétitivité de la filière bois qui doit poursuivre sa montée en gamme et créer davantage d’emplois. Son action sera donc suivie de près tant au Gabon qu’à l’extérieur où la communauté internationale est de plus en plus attentive à ce qui a trait à la lutte contre le réchauffement climatique. Lutte dans laquelle les forêts sont appelées à jouer les premiers rôles…
