Sans trop y croire, Jean Ping appelle pour la énième fois les Gabonais à « se lever et marcher »

Jean Ping en son QG du quartier des Charbonnages dans le premier arrondissement de Libreville ce mardi 10 décembre @ DR

En perte de vitesse, l’ex-leader de l’opposition a, dans une nouvelle déclaration publique ce mardi, également et à nouveau sollicité l’aide de la France. En réalité, il s’agit davantage de propos d’estrade. En effet, l’objectif de Jean Ping n’est pas tant de récupérer le fauteuil de président – qu’il sait hors-de-portée – que de tenter de conserver le leadership dans son camp. Explication.

« Après avoir longtemps fait barrage contre toute tentation de jeter qui que ce soit en pâture ou à la vindicte populaire, je dis au peuple gabonais, que si nécessaire, le temps est venu de désigner l’ennemi, de se lever et de marcher », a déclaré ce mardi Jean Ping lors d’une allocution publique au contenu parfois obscur.

Toutefois, pas totalement confiant dans cette mobilisation populaire, l’ex-leader de l’opposition, sur le déclin, s’en remet au main de la communauté internationale, et tout particulièrement de la France. « Il est plus qu’urgent pour les patriotes Gabonais, pour la communauté internationale et pour le principal partenaire du Gabon, chacun en ce qui le concerne, de faire aboutir la patiente action menée en vue d’une passation pacifique du pouvoir », a indiqué M.Ping.

Depuis octobre 2018, date de l’AVC survenu au Président de la République, Ali Bongo Ondimba, l’ex-candidat unique de l’opposition lors de l’élection présidentielle de 2016, a multiplié les sorties publiques. En décembre 2018, il avait déjà appelé, à mots couverts, la population à se soulever. « Je ne vous retiens pas », avait-il tonné depuis son QG du quartier des Charbonnages dans le 1er arrondissement de Libreville.

En vain, cet appel, comme ceux qui suivront resteront lettres mortes. Tout comme d’ailleurs son cri de secours lancé à la France le 12 octobre dernier, à qui Jean Ping avait demandé de « prendre ses responsabilités»

Combler son retard, conserver son leadership

En réalité, si Jean Ping prend aujourd’hui la parole, ça n’est pas en raison d’un fait nouveau, mais parce qu’il tente de rattraper son retard sur les autres leaders de l’opposition qui, profitant de la nomination jeudi dernier de Nourredin Bongo Valentin au poste de coordinateur des affaires présidentielles, ont tous ces derniers jours pris la parole pour polémiquer. Ainsi d’Alexandre Barro Chambrier (RPM) vendredi, de Zacharie Myboto (UN) samedi ou du collectif Appel à agir dimanche, etc.

Débordé, l’ex-leader vieillissant de l’opposition (il aura 81 ans lors de la prochaine élection présidentielle) a donc eu du retard à l’allumage. Retard qu’il a tenté de combler aujourd’hui afin de conserver son leadership sur ce qu’il reste de l’opposition, affaiblie depuis son cuisant échec lors des élections générales d’octobre 2018.

Là était pour Jean Ping le véritable enjeu de son allocution publique ce mardi et non dans une quelconque prise de pouvoir qu’il s’est proprement illusoire.