Retrait des troupes gabonaises de Centrafrique : Pourquoi l’ONU a agi dans la précipitation ?

Le retrait des troupes gabonaises du Centrafrique soulève de plus en plus de questions © DR

La polémique enfle autour du retrait des troupes gabonaises du Centrafrique suite à des allégations d’exploitation et d’abus sexuels à l’encontre de certains éléments de son contingent. Dans un courrier daté du 18 septembre et adressé aux autorités onusiennes en RCA, que La Libreville a pu parcourir, le ministre gabonais de la Défense, Michaël Moussa-Adamo, égraine l’ensemble des mesures prises de manière diligente pour faire la lumière dans cette affaire – avec la désignation d’un « enquêteur national pour mener les investigations nécessaires, conjointement avec le Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies », ainsi que de la mise sur pied d’une « commission d’enquête nationale ». Le ministre fait par ailleurs observer aux autorités onusiennes que « le Gouvernement gabonais n’a jamais accusé réception de la note verbale (…) datée du 7 septembre 2021 qui fait état des derniers cas d’allégations motivant l’exclusion du bataillon ». 

Trois jours seulement après son annonce, le retrait des troupes gabonaises de Centrafrique fait l’objet d’interrogations de plus en plus nombreuses et pressantes.

Alors que les autorités gabonaises font diligence pour faire la lumière sur les allégations d’exploitation et d’abus sexuels ayant motivé le départ du contingent gabonais de RCA, il apparaît de plus en plus clairement que l’ONU a, dans cette affaire, fait preuve d’un rare empressement et confondu vitesse et précipitation.

C’est ce qui ressort implicitement d’un courrier adressé samedi 18 septembre par le ministre gabonais de la Défense aux autorités onusiennes en RCA et dont La Libreville a pu se procurer une copie.

Dans ce courrier, Michaël Moussa-Adamo indique que le Gabon fait diligence pour faire la lumière sur les allégations pesent sur certains éléments gabonais en RCA. « Dans le cadre de la mise en œuvre du processus de ce retrait, j’ai l’honneur de vous informer que le Général d’Armée aérienne Jean Félix Akaga, contrôleur général des forces de Défense et ancien commandant de la Force multinationale de l’Afrique centrale (FOMAC) est RCA est enquêteur national pour mener les investigations nécessaires, conjointement avec le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) des Nations Unies », informe le ministre gabonais de la Défense.

Mais ça n’est pas là la seule mesure prise, dans des délais très rapides, par les autorités gabonaises. « De même, une commission d’enquête nationale conduite par l’Amiral Gabriel Mally Hodjoua, secrétaire général du ministère de la Défense nationale, se rendra en RCA le dimanche 19 septembre 2021 en vue d’enquêter sur les sites précédemment sous responsabilité du contingent gabonais », ajoute Michaël Moussa-Adamo qui donne par ailleurs les noms de la dizaine de hauts-gradés qui composent cette commission.

La rigueur dont font preuve les autorités gabonaises dans cette affaire contraste avec la légèreté dont semblent faire montre les responsables de l’ONU. Ce que relève, avec beaucoup de pudeur le ministre de la Défense dans son courrier. « Il conviendrait de rappeler de manière officielle aux autorités onusiennes que le Gouvernement de la République gabonaise n’a jamais accusé réception de la note verbale (…) datée du 7 septembre 2021, ayant fait état des derniers cas d’allégations motivant l’exclusion du bataillon », s’étonne Michaël Moussa-Adamo.

Un manque de rigueur qui, combiné à une forme de précipitation, peut paraître surprenant et qui, imparablement, nourrit questions et suspicions. Et si la décision de l’ONU de retirer les troupes gabonaises de RCA, présentes depuis 25 ans sans discontinuité dans le pays, avait en réalité d’autres motivations ?