Retour à l’équilibre des comptes publics au Gabon : le premier ministre appelle l’opposition a ne pas céder à la « facilité électoraliste »

Emmanuel Issoze Ngondet, le premier ministre gabonais, le 13 juillet 2018 © facebook.com/gabon.primature

Ce vendredi 13 juillet, Emmanuel Issoze Ngondet, le premier ministre gabonais, a appelé l’opposition à être davantage responsable et constructive afin de faciliter l’application des mesures d’austérité prise par le gouvernement pour réduire le train de vie de l’Etat et relancer l’économie du pays.

« Il faut surpasser nos divergences pour relever les défis actuels », a déclaré le Premier ministre car « le retour à une croissance durable passe par cet effort commun », a-t-il ajouté, appelant l’opposition à ne pas céder à la facilité et aux discours électoralistes et déresponsabilisants.

« J’en appelle donc à votre sens de la responsabilité et du patriotisme. Vous avez dejà fait la preuve par votre participation au dialogue politique d’Angodjé, votre acceptation de participer au gouvernement », a insisté le chef du gouvernement, demandant à l’opposition de soutenir la batterie de mesures adoptées par le gouvernement depuis le 21 juin dernier afin de réduire le train de vie de l’Etat et rééquilibrer les comptes publics.

Celles-ci visent à diminuer l’endettement public, supprimer les déficits, réduire la masse salariale démesurée de la fonction publique, mieux recouvrer l’impôt, etc. L’objectif étant de retrouver l’équilibre des comptes publics, mais aussi d’accroître les dépenses d’investissement et les dépenses sociales (éducation, emploi, santé…) au détriment des dépenses de fonctionnement.

Échanges vifs, voire virils 

Plusieurs leaders de l’opposition ayant participé au dialogue politique d’Angondjé ont fait le déplacement afin d’écouter le Premier ministre. Parmi eux, figuraient le vice-président de la République, Pierre Claver Maganga Moussavou, par ailleurs président du Parti social démocrate (PSD), René Ndemezo’o Obiang, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Bonaventure Nzigou Manfoumbi ou encore Mathieux Mboumba Nziengui.

Entre les opposants et le Premier ministre, les échanges ont parfois été vifs, voire virils. Ainsi, Bonaventure Nzigou Manfoumbi a reproché au gouvernement de ne pas aller plus loin, qualifiant de « mesurettes » la plupart des décisions annoncées par le gouvernement. Selon lui, il aurait fallu réduire immédiatement (et non prochainement) la taille du gouvernement de 41 à 25 ministres, supprimer toutes les agences publiques, plafonner le coût maximal d’achat des véhicules administratifs à 15 millions et non à 30 millions de francs CFA comme il est prévu ou encore mettre fin à certaines rémunérations non-statutaires, etc.

Pierre Claver Magagnga Moussavou, quant à lui, a regretté que des institutions comme le Conseil économique, social et environnemental, ainsi que le comité de suivi du dialogue d’Angondjé, n’aient pas été consultées.

Une autre frange de l’opposition en revanche, l’aile la plus radicale, tire à boulets rouges sur les réformes initiées par le gouvernement. Mais selon un professeur en sciences politiques d’UOB, celle-ci cependant « est gênée car elle sait que les mesures prises sont nécessaires et vont dans l’intérêt du pays. En les rejetant catégoriquement, elle choisit la facilité, quitte à se déresponsabiliser. Mais il n’est pas sûr que cette attitude électoraliste lui profite car, hormis quelques syndicats, la plupart des Gabonais ont conscience que l’Etat est en surpoids et que ça n’est pas à l’Etat mais aux entreprises de créer les emplois dont l’économie a besoin », analyse ce politologue.