Refus de l’équipe du Gabon de monter dans l’avion pour disputer la CAN : Pourquoi ce « caprice » pourrait laisser des traces durables dans l’opinion

L'épisode d'hier risque de renforcer un peu plus l'image d'enfants gâtés du onze gabonais © DR

Les Panthères ont finalement quitté Dubaï mercredi 5 janvier à 22h (heure locale), en direction du Cameroun où elles disputeront la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Dans un premier temps, les joueurs avaient refusé d’embarquer, non pas pour non-paiement de leurs primes de participation à la CAN comme on a pu le lire ça ou là, mais du fait que les joueurs en jugeaient le montant insuffisant. Une attitude très mal perçue qui risque de laisser des traces durables dans une grande partie de l’opinion gabonaise, contrainte de faire des efforts sur tous les plans en raison de la crise de Covid-19. 

Après moults péripéties, la sélection gabonaise, entrainée par Patrice Neveu, a finalement quitté Dubaï ce 5 janvier à 22h (heures locales), en direction du Cameroun. Il n’y aura donc pas de forfait du Gabon lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) comme certains le craignaient.

Quelques heures plus tôt, les joueurs avaient refusé d’embarquer dans le vol en direction du Cameroun, non pour non-paiement des primes CAN, mais pour le montant de celles-ci, jugé par eux insuffisant bien que mirobolant.

Pas sûr que l’équipe nationale ressorte grandie de cet épisode, elle dont l’image est déjà passablement ternie par de médiocres prestations (élimination prématurée lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2022 au Qatar, match amical catastrophique la semaine dernière contre le Burkina Faso, etc.).

« Enfants gâtés »

« Dans un contexte où l’on demande à tous les Gabonais de faire des efforts, certains, alors qu’ils sont déjà ultra-favorisés, se comportent comme des enfants gâtés. C’est un caprice, ni plus ni moins », a commenté sur Facebook un enseignant de Port-Gentil. Il est vrai que le montant des primes exigés par les footballeurs (plusieurs centaines de milliers d’euros chacun) a dû mal à passer alors que beaucoup de Gabonais sont contraints de se serrer la ceinture à la fin du mois.

D’autres y voient une forme de favoritisme. « Alors que les enseignants sont en grève depuis des mois, que les régies financières sont en grève des semaines, que les agents de l’ANPN menacent de faire grève, etc., il suffit de quelques heures à certains, pas particulièrement défavorisés, pour voir leur prime augmentée et réglée (avant le 9 janvier, NDLR) », se désole Marcelline, une infirmière vivant dans le 4ème arrondissement de Libreville et qui ne compte pas ces heures.

« Favoritisme »

Nombreux d’ailleurs sont ceux à pointer du doigt le « favoritisme » dont ferait l’objet les Panthères. « On compte des arriérés de salaires ici ou là, on étire jusqu’à l’extrême les délais de paiement pour les entreprises, et là, on fait droit sur le champ à certaines prétentions – qui ne me paraissent pas justifiées au regard de l’utilité sociale. Ce n’est pas équitable », se plaint Franck, qui a créé son entreprise à Tchibanga l’année dernière.

Mais les commentaires les plus nombreux portent sur la réelle motivation des Panthères. « L’objectif des joueurs est-il d’ordre sportif, disputer une compétition de football et si possible l’emporter ? Ou bien de faire grossir leur compte en banque », se demande sur Twitter Frédéric, étudiant en France et fan des Panthères.

Reste désormais à espérer que la prestation de Pierre-Eymerick Aubameyang et de ses coéquipiers sera à la hauteur des généreux émoluments qui leur ont été octroyés.