Réformes au Gabon : Ali Bongo passe à la vitesse supérieure

Ali Bongo Ondimba lors de la cérémonie de remise du rapport de la task force sur l'éducation ce vendredi 14 septembre à Libreville © DR

Après avoir lancé fin juin une grande réforme des finances publiques, le chef de l’Etat gabonais a annoncé hier son intention de faire de même en matière d’éducation. Avec une même ambition : en finir avec la politique des petits pas. 

Changement de braquet pour les réformes au Gabon. Après des débuts prometteurs en 2009 et jusqu’à 2011, puis un passage à vide de près de cinq années années jusqu’en 2017, le président gabonais Ali Bongo Ondimba semble vouloir accélérer pour réformer les structures vieillissantes d’un pays qui s’est trop longtemps contenté de vivre sur ses acquis (la manne pétrolière, minière et le bois non transformé) et d’un Etat qui a durant la même période vécu très largement au-dessus de ses moyens, comme l’atteste une fonction publique encore pléthorique.

Fin juin, le président gabonais a lancé une réforme d’une ampleur sans précédent des finances publiques avec pour objectif de rétablir l’équilibre des comptes publics à moyen terme tout en rénovant la conception du service public.

Rebelote ce vendredi 14 septembre. Le président Bongo s’est vu remettre le rapport de la task force sur l’éducation dont il avait annoncé la mise sur pied dans un discours prononcé à l’occasion de la fête nationale du 17 août dernier.

Ici aussi, il ne s’agit plus d’y aller avec le dos de la cuillère. Après avoir dressé un constat sans concession, Ali Bongo répétant qu’au Gabon le secteur de l’éducation était « sinistré », ce dernier a dit vouloir entreprendre pour le réformer non pas de petites évolutions mais une révolution. Il souhaite en effet que la thérapie soit à la hauteur du mal mais aussi de l’enjeu : « au XXIème siècle », a-t-il indiqué, « la formation du capital humain est la clé d’une société prospère ».

Former les Gabonais pour qu’ils trouvent un emploi

Le rapport remis à Ali Bongo par les membres de la task force est une compilation de mesures d’ordre technique. Pour comprendre le sens de la réforme à venir, il faut se plonger dans les deux discours du chef de l’Etat gabonais, celui du 16 août annonçant la réforme et celui du 14 septembre la confirmant.

Tout d’abord, il s’agira d’une réforme globale concernant à la fois le primaire, le secondaire, le supérieur et la formation continue. Ensuite, au primaire, il s’agira de garantir la maîtrise des savoirs fondamentaux (lire, écrire, compter) et de relancer l’égalité des chances pour contrarier le déterminisme social. Dans le secondaire et le supérieur, il s’agira de mettre en adéquation l’offre de formation avec les besoins réels sur le marché du travail, ce qui passera par la promotion des filières techniques, scientifiques et l’apprentissage au détriment des sciences humaines qui n’offrent que peu de débouchés et qui sont largement devenues des voies voies de garage. « Notre objectif est clair : il s’agit de former les jeunes gabonais pour qu’au sortir de leurs études, ils trouvent un emploi. Ça ne doit plus être un tabou », confie l’une des membres de cette task force, enseignante de profession.

« La définition de la folie, c’est penser qu’en faisant la même chose on obtient des résultats différents ». C’est ce qu’a rappelé hier Ali Bongo en citant le célèbre scientifique Albert Einstein. Comme il l’a à nouveau démontré hier, le Gabon semble bel et bien déterminé à faire les choses différemment mais également… rapidement. Il aura fallu attendre moins d’un mois entre l’annonce de cette vaste réforme et la remise du rapport qui servira à l’élaborer. C’est là aussi le signe d’un grand changement.