Réforme des bourses étudiantes : le Gabon veut favoriser les filières techniques et professionnelles

Le premier ministre gabonais, Julien Nkoghe Bekalé, lors d'un conseil interministériel ce jeudi 11 avril @ Facebook/Primature Gabon

Le gouvernement gabonais, réuni hier en conseil interministériel, envisage de porter à 27 ans l’âge limite pour l’obtention des bourses dans les filières techniques et professionnelles. Une manière d’orienter les élèves vers ces cursus qui offrent de réels débouchés sur le marché de l’emploi, contrairement à la plupart des filières d’enseignement général. 

Désormais, les élèves des lycées techniques et professionnels pourront bénéficier d’une bourse pour financer leurs études supérieures jusqu’à 27 ans, alors que ceux des filières générales ne le pourront pas au-delà de 19 ans. A condition toutefois d’avoir une moyenne de 12/20, critère qui ne change pas. Ainsi, en a décidé ce jeudi 11 avril le gouvernement de Julien Nkoghe Bekalé à l’occasion d’un conseil interministériel.

En effet, un « projet de décret (qui) fixe les conditions d’attribution, de suspension et de suppression de bourses d’études dans les filières techniques et professionnelles, 27 ans étant l’âge limite retenu pour prétendre à l’obtention d’une bourse dans les séries techniques et professionnelles », a fait savoir la Primature. Les filières générales, dans lesquelles s’entassent nombre d’étudiants gabonais au sortir du lycée, ne sont donc pas concernées par le dispositif.

Avec cette nouvelle décision, « L’Etat favorise davantage les études professionnelles et techniques. Cela va changer puisque l’Etat va encourager les jeunes gabonais à embrasser les filières de l’enseignement plus techniques et professionnels où il y a de nombreux emplois », a déclaré Guy Bertrand Mapangou, ministre des Forêts et ancien porte-parole du gouvernement.

Dispositif « intelligent », selon ce spécialiste du secteur de l’éducation au sein de la Banque mondiale

Ce projet de décret devra être entériné à l’occasion du prochain conseil des ministres. Pour les autres filières, le gouvernement a promis de rencontrer « dans un proche avenir les différents acteurs pour regarder l’ensemble des modalités », a indiqué la Primature.

Toutefois, pour ces dernières filières, les conditions d’obtention de la bourse, si tant est qu’elles soit revues, seront beaucoup moins favorables, fait-on savoir dans l’entourage du premier ministre.

Pour ce spécialiste du secteur de l’éducation en Afrique au sein de la Banque mondiale, le dispositif envisagé par le Gabon est « intelligent ». « C’est clairement une incitation pour les élèves de se diriger vers des filières qui offrent de réels débouchés en termes d’emploi à l’issue de leurs études. Aujourd’hui, les élèves s’entassent dans des filières générales qui ne leur offrent aucune perspective d’emploi à la sortie. Le système envisagé par le gouvernement gabonais est donc intelligent, d’autant qu’il responsabilise les élèves tout en leur montrant la bonne voie à suivre », explique ce spécialiste reconnu des systèmes éducatifs en Afrique centrale. « A eux ensuite de faire leur choix en connaissance de cause »

Suite aux conclusions de la task force sur l’éducation réunie en août 2018, le gouvernement gabonais a décidé de favoriser l’employabilité, c’est à dire de mettre en adéquation l’offre de formation avec les besoins réels, actuels ou à venir, sur le marché de l’emploi.