Pour le gouvernement gabonais et le ministre Jean-Marie Ogandaga, c’est un camouflet. Le projet d’ordonnance de modification du statut général de la fonction publique, adopté en Conseil des ministres le 23 février dernier, a été rejeté, par l’Assemblée nationale mardi 10 avril. Motif : compte tenu de sa nature et de sa complexité, un tel texte ne devrait pas être traité en procédure d’urgence selon les députés. Un épisode qui intervient au moment où le climat social se tend à nouveau au Gabon.
Pour les députés, dont l’écrasante majorité est issue des rangs du PDG, le parti au pouvoir, ce projet d’ordonnance impacte directement la vie quotidienne des Gabonais. Il ne peut donc être examiné de cette manière. « La procédure d’urgence et inadaptée pour un texte pareil. Il nous faut l’examiner minutieusement et cela prend du temps. Pourquoi vouloir nous mettre sous pression ? », s’interroge un député du parti présidentiel.
« Nous [députés] avons demandé [au ministre de la Fonction publique] de nous ramener [sic] ce texte sous forme de projet de texte de loi, pour nous permettre de bien l’examiner article par article », indique un autre membre de la chambre basse cité par l’Agence Gabonaise de Presse.
« Nous ne sommes pas une chambre d’enregistrement », se plaint quant à lui un député de l’opposition qui, sur ce dossier, fait front uni avec ses collègues de la majorité. Il est vrai que nombre d’entre eux sont surpris par le choix du calendrier. Ce projet d’ordonnance portant modification, suppression et complétant certaines dispositions de la loi portant statut général de la fonction publique, leur est soumis cinq jours à peine avant la fin de l’inter-session parlementaire et à quelques semaines seulement des élections législatives.
En outre, cet épisode intervient dans un climat social de plus en plus tendu au Gabon. Plusieurs syndicats et centrales syndicales ont manifesté leur mécontentement ces derniers jours. C’est le cas en particulier du Syndicat des médecins fonctionnaires gabonais (Symefoga), de l’antenne USTM du Syndicat national des enseignants chercheurs (SNEC), de la Dynamique unitaire qui rassemble diverses organisations ou encore du Syndicat national des professionnels de la communication (Symefoga).
Or, ce projet d’ordonnance de réforme du statut des fonctionnaires est potentiellement de nature à créer de nombreux mécontentements parmi les puissants syndicats de fonctionnaires qui pourraient ainsi être tentés, à la veille des élections législatives, de mettre la pression sur le pouvoir en agitant la menace d’une ébullition sur le front social.