Propos polémiques de Jean Rémy Yama sur Ali Bongo : « Ç’aurait été inimaginable au Sénégal » (diplomate)

Ali Bongo a visité cette semaine le Palais Rénovation à Libreville © DR

C’est ce qu’a confié un haut-diplomate sénégalais, en poste en Afrique centrale, après avoir longtemps officié à Libreville. Le 2 juillet dernier, le leader syndical avait en effet déclaré qu’Ali Bongo était mort. 

Les propos polémiques du syndicaliste Jean Rémy Yama au sujet d’Ali Bongo font décidément couler beaucoup d’encre. Chacun ou presque y va désormais de sa réaction.

C’est le cas de ce haut-diplomate sénégalais, en poste en Afrique centrale, qui a longtemps exercé dans la capitale gabonaise.

« Le Sénégal est réputé pour sa démocratie en Afrique. Chez nous, les médias sont libres », commence-t-il par expliquer. « Mais la liberté, en ce domaine comme en d’autres, n’est jamais absolue », ajoute-t-il aussitôt, précisant qu’ « il y a un certain nombre de règles à respecter, sans quoi la vie sociale est impossible ».

« Au Sénégal, les propos tenus par ce syndicaliste auraient été inimaginables. Il y a chez nous un principe : celui d’offense au chef de l’Etat, consacré par l’article 80 du code pénal. Il vaut pour les personnalités comme pour les médias qui proféreraient ou relaieraient de tels propos. Au Gabon, vous n’avez pas cela, constate-t-il, ajoutant qu’ « il faudrait peut-être songer à y remédier ».

Pour ce diplomate expérimenté, on assiste à une « dérive » au Gabon. « Le problème vient de certaines personnalités qui se croient autorisées à raconter n’importe quoi et à certains médias sur internet qui les relaient sans faire leur travail journalistique. Dire ‘Ali Bongo est mort’ est à peu près aussi sérieux que de dire que le soleil se lève à l’ouest », s’exclame-t-il.

Grande liberté des médias au Gabon

De ce point de vue, il salue la décision de la HAC qui, selon lui, n’a que trop tardé. « Il y a une grande liberté des médias au Gabon. Les gens critiquent beaucoup ici mais ils n’ont aucune idée de la manière dont les choses se passent ailleurs. Du coup, certains médias en ligne abusent de cette liberté. Ils manquent souvent de professionnalisme et font preuve de peu de déontologie », conclut-il.

Pour rappel, Jean Rémy Yama, le président de la confédération syndicale, Dynamique Unitaire, qui rassemble une majorité de fonctionnaires au Gabon, avait déclaré le 2 juillet dernier : « Ali Bongo Ondilba est mort, il n’existe plus ». Des propos qui ont suscité l’indignation au Gabon et qui lui valent désormais d’être poursuivis pour propagation de fausses nouvelles. Il aurait quitté mercredi le pays. Plusieurs sources indiquent qu’il serait en transit au Bénin. Dans la foulée, la Haute autorité de la Communication, le régulateur des médias au Gabon, a décidé de sanctionner les médias (en ligne notamment) qui relaieraient « servilement », sans aucune vérification, de tels propos mensongers.

Cette semaine, Ali Bongo s’est affiché en pleine forme et tout sourire, multipliant les entretiens à la présidence et se rendant à l’extérieur au Palais Rénovation pour constater l’avancée des travaux.