Présidentielle 2023 au Gabon : Econduit par Paulette Missambo, raillé par Jean Ping et détesté par Appel à agir, Alexandre Barro Chambrier cherche (en vain) du soutien du côté de Guy Nzouba-Ndama

Alexandre Barro Chambrier et Guy Nzouba-Ndama lundi 17 janvier 2022 © DR

Lundi 17 janvier, les présidents du Rassemblement pour la modernité (RPM) et des Démocrates, Guy Nzouba-Ndama, deux partis d’opposition, se sont rencontrés. La candidature unique de l’opposition, fantasmée par certains, semble davantage s’éloigner, malgré les propos sous forme de méthode Coué de Barro Chambrier. Explications. 

« J’ai eu le plaisir ce matin de m’entretenir avec le Président Guy Nzouba Ndama au siège du Parti Les Démocrates. L’échange a été fructueux, riche et plein d’enseignements », a fièrement écrit M. Barro Chambrier sur sa page Facebook.

Des propos creux qui s’apparentent davantage à de la méthode Coué comme l’indique un collaborateur de Nzouba-Ndama. Les sourires de façade au moment de la photo cachent d’ailleurs mal la déception du leader du RPM qui se rêve en candidat unique de l’opposition en 2023.

« Nous savons qu’Alexandre est candidat à la présidentielle de 2023 et qu’il souhaiterait être le candidat unique de l’opposition. Mais nous lui avons rappelé la position des Démocrates à ce sujet. L’union devra se faire au second tour en faveur du candidat le mieux placé », explique celui-ci, qui est par ailleurs député.

Une position qui rejoint celle de l’Union nationale. En novembre dernier déjà, Alexandre Barro Chambrier avait tenté de rallier à son panache Paulette Missambo, alors fraichement élue à la tête du parti en remplacement de Zacharie Myboto. Las, ses flatteries sur Facebook à l’endroit de l’impétrante ont reçu un accueil glacial. L’UN, engluée dans ses problèmes internes – le parti pourrait avoir deux candidats à la prochaine présidentielle, Paul-Marie Gondjout ne faisant pas mystère de ses ambitions – ne veut pas se rallier dès le premier tour à notre autre candidat. « Ce serait la mort du parti », avertit un des lieutenants de Missambo.

En outre, même si Alexandre Barro Chambrier et ses partisans font mine de l’oublier, Jean Ping, qu’ils semblent déjà enterrer, a bien l’intention de se représenter en 2023. Les partisans du patron de la CNR n’ont pas de mot assez durs à l’encontre de Chambrier qu’il qualifie d’Iznogoud. « Barro Chambrier veut être calife à la place du calife », ironise l’un d’entre eux. « Mais comment peut-on être élu président du Gabon quand on est incapable de se faire élire député dans le 4e arrondissement de Libreville, qui plus est alors que la voie a été pavée par son père ? », cingle-t-il.

Enfin, pour ne rien arranger, du côté d’Appel à agir, qui entend bien jouer les trublions en 2023, on ne veut pas entendre parler de Barro Chambrier comme candidat de l’opposition. « Ni au premier, ni au second tour », vitupère, très remonté, un de ses membres. Le président du RPM est perçu comme un « opportuniste », soutenant le pouvoir quand « il en va de ses intérêts », puis l’opposition « quand le sens du vent a changé », explique un membre du collectif.

« La candidature de l’opposition est un fantasme, une chimère. Ce débat sert à masquer les profondes divisions qui minent l’opposition gabonaise et surtout ses querelles de leadership », explique un professeur en science politique de l’UOB. « En réalité, en 2023, il y aura embouteillage, c’est-à-dire pléthore de candidatures du côté de l’opposition », prédit il.

Pour rappel, de nombreuses personnalités de l’opposition ont déjà fait savoir qu’elles seraient candidates lors de la présidentielle de 2023. C’est le cas de Mike Jocktane ou de Charles Mba. D’autres, nombreuses, viendront bientôt s’y ajouter.