Pour la première fois depuis 2013, Julien Nkoghe Bekalé a répondu hier sur Gabon 24 aux accusations de détournement de 20 milliards de F CFA de fonds publics : « je vous le dis droit dans les yeux, je n’ai pas pris un copec »

Le premier ministre Julien Nkoghe Bekalé était l'invité de la toute nouvelle émission politique de Gabon 24 diffusée ce mercredi 8 mai @ Gabon 24/Capture d'écran

« Ce sont des inventions », s’est indigné Julien Nkoghe Bekalé, invité de la toute nouvelle émission politique de Gabon 24, « 52 minutes avec… »

« Ces attaques sont la règle en politique. Les gens connaissent ma vie. Ils savent où j’habite. Mes comptes sont à Libreville. Personne ne peut démontrer, à aucun moment, qu’il y a eu des mouvements d’un tel montant », s’est défendu hier le premier ministre hier soir sur Gabon 24.

C’était la première fois que celui-ci répondait dans les médias aux accusations de détournement de fonds publics pour un montant de 20 milliards de F CFA dont il est l’objet suite à son passage au ministère du pétrole en 2013. Une somme qui, selon la rumeur, aurait été reversée à son parent et mentor politique, Paul Byoghe Mba.

« Pourquoi n’avez-vous jamais répondu jusque-là à ces accusations qui salissent votre image », interroge la journaliste, Leatitia Ngalibika. « J’ai une certaine éthique, je suis magistrat et j’ai une obligation de réserve », se justifie le premier ministre qui, sans doute, n’a jamais voulu s’abaisser à commenter ce qu’il considère comme des rumeurs diffamatoires.

« Mais tout de même, vous avez été cité par la Cour sur l’enrichissement illicite. Où en est l’enquête aujourd’hui ? », relance alors très incisive et mordante journaliste.

La réponse du chef du gouvernement fuse : «C’est normal. La Cour sur l’enrichissement illicite a eu vent d’une information, elle m’a entendu. La Cour des comptes m’a également entendu. J’ai fourni l’ensemble des réponses à leurs questions. J’ai été entendu sur la base d’une dénonciation. Ils n’avaient à leur disposition aucun élément matériel. Et pour cause, je n’ai jamais perçu de telles sommes ! », a juré M. Nkoghe Bekalé.

« J’attends désormais que la Justice me disculpe car mon honneur a été bafoué », a conclu le premier ministre qui a par ailleurs répondu sans détours aux questions les plus épineuses du moment : sur les bourses étudiantes, le dialogue avec les syndicats, la suppression de postes dans la fonction publique, ou encore l’absence de suivi des réformes (l’un des gros points noirs au Gabon).

Cette émission, où la langue de bois n’avait pas sa place, contrairement à ce que la télévision gabonaise nous donne à voir à l’accoutumée, et qui a permis de découvrir un Julien Nkoghe Bekalé moins distant, plus proche des gens, a sans conteste fait une entrée remarquée dans le paysage audiovisuel.

Seul petit bémol : on aurait aimé entendre le premier ministre s’exprimer un peu plus longuement sur le retour définitif du chef de l’Etat au Gabon et nous dire dans quelle mesure celui-ci impacte ou non le travail du gouvernement.