Polémique au Gabon : Laure Gondjout s’est-elle fait piéger par le journaliste de RFI Christophe Boisbouvier ou bien a-t-elle délibérément prononcé sa petite phrase contre le président Ali Bongo ?

Laure Olga Ngondjout © RFI

Interviewée par RFI en début de semaine, Laure Olga Gondjout, pressée par le journaliste Christophe Boisbouvier, a qualifié d’« inhabituel » le score obtenu par Ali Bongo Ondimba lors de la présidentielle de 2016 dans le Haut-Ogooué. Pourquoi une telle déclaration ? L’ex-médiateur de la République s’est-elle fait piéger par le journaliste ou bien était-ce intentionnellement ? Laure Gondjout vient en effet de sortir un livre-témoignage, « Instants de vie » et faire le buzz en versant dans le sensationnalisme permet de bénéficier à peu de frais d’une bonne publicité. 

L’interview a été diffusé ce lundi 9 novembre sur RFI.

« En août 2016, Ali Bongo est officiellement réélu (…) avec un taux de participation incroyable dans la province du Haut-Ogooué: 99,93 % des citoyens inscrits sur les listes électorales (…) Franchement, est-ce que c’est crédible? », demande le journalisme, Christophe Boisbouvier, dont ni la neutralité ni l’objectivité ne sont manifestement le fort à en juger par cette question aussi biaisée qu’orientée.

« Je ne sais pas. Je n’ai pas calculé ce taux, je n’étais pas présente dans la province du Haut-Ogooué », commence par répondre avec franchise Laure Olga Gondjout, avant, si l’on peut dire, et peut-être après coupage, de se ressaisir et d’ajouter : « Mais je dois avouer que c’est un score inhabituel. C’est inhabituel, c’est vrai. »

Pour tenter d’expliquer cette réponse équivoque qui a tous les atours d’une « petite phrase » comme on dit dans le jargon médiatique, certains évoquent la volonté de la part de celle qui fut, selon une rumeur très persistante, l’une des maitresses de feu le président Omar Bongo Ondimba, de faire le buzz afin d’accroître la publicité autour du livre qu’elle vient de publier (« Instants de vie », paru aux éditions Tabala).

« Tout ça, c’est de la comédie destinée à vendre du papier. C’est parfaitement calculé », affirme, convaincu, un ministre, qui connait bien Laure Gondjout. Au passage, celui-ci rappelle que Laure Gondjout « nourrit un profond ressentiment à l’encontre du président. Celui-ci a refusé de la recaser après son passage pas franchement couronné de succès comme médiateur de la République », explique le membre du gouvernement, fin connaisseur des relations complexes entre les différentes figures de la vie publique gabonaise.

D’autres en revanche, tentant de la défendre, plaide une « maladresse ». « Laure (Gondjout) s’est fait piéger par Boisbouvier. Comme elle est polie et qu’il se montre insistant, elle finit par abonder dans son sens et répondre dans le sens qu’il souhaitait. C’est assez classique. Les journalistes, vous savez, sont toujours à la recherche de propos polémiques pour faire sensation. C’est leur fond de commerce », explique un ancien collaborateur de l’ex-président Omar Bongo.

D’autres encore, tentent tout bonnement de faire la synthèse. « Disons qu’elle a balancé (sic !) cette phrase à l’insu de son plein gré. Ce n’est pas ce qu’elle voulait dire au départ comme le montre son premier début de réponse. Mais ensuite, peut-être pressée par le journaliste, peut-être également victime du montage final lors duquel on écarte certains propos pour en mettre d’autres en valeur, elle finit par dire autre chose. Mais au final, cet ‘autre chose’ lui sert. C’est de ça dont on parle aujourd’hui sur les réseaux sociaux, ça permet de faire parler d’elle alors qu’elle était totalement oubliée et ça permet de faire une publicité inespérée à son bouquin », décrypte un ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.

Au Gabon, nonobstant les divergences d’analyse sur les motivations de l’intéressée, beaucoup s’accordent sur un point. Après la polémique qu’elle a suscitée, Laure Gondjout, qui a quitté il y a quelques années déjà la vie publique par la petite porte après son échec comme médiateur de la République, s’honorerait à clarifier des propos qui, loin d’apaiser comme elle prétend le faire, ne font qu’inutilement jeter de l’huile sur le feu.