Pluie de critiques sur Africa Radio (ex-Africa n°1) suite à un débat controversé sur Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba

Francis Laloupo, animateur du Grand débat sur Africa Radio © Facebook/Africa Radio

Le 26 septembre dernier, Africa Radio a organisé un débat, animé par Francis Laloupo, sur le thème : « Le cas Brice Laccruche ». Depuis, elle est l’objet de vives critiques. 

« On n’est pas dans le journalisme. On est dans le militantisme », confie un responsable du PDG qui se dit outré.

En cause, la diffusion ce le 26 septembre dernier d’un « débat », il faut le dire assez singulier, sur la Africa Radio, ex-Africa n°1, sur le thème : « Le cas Brice Laccruche ».

Aussitôt après sa diffusion, une pluie de critiques s’est abattu sur la radio et son animateur, le journaliste Francis Laloupo. A en juger par les nombreuses réactions indignées, les motifs de récrimination ne manquent pas.

Tout d’abord, le choix du sujet : « Le cas Brice Laccruche ». « Clairement, Africa Radio se fait le relais d’un des chevaux de bataille de l’opposition radicale. C’est un débat qui agite les activistes gabonais de la diaspora française, qu’ils tentent de faire vivre sur les réseaux sociaux et sur une poignée de médias sur internet. Mais ici, sur le terrain, ce débat n’existe pas. Les gens attendent simplement du politique qu’il réponde à leurs préoccupations. Le reste, c’est à dire les débats politiciens qui agitent la sphère politico-médiatique, ça ne les intéresse pas », explique un professeur en science politique de l’Université Omar Bongo de Libreville.

Au choix du sujet, s’ajoute, selon lui, la manière de poser les termes du débat : « On parle decas Brice Laccruche’ comme si cela était problématique (…) Il y a clairement une thèse implicite dans la façon d’aborder le sujet. D’emblée, le débat est biaisé », estime l’universitaire, apprécié par ses étudiants pour sa neutralité et sa rigueur d’analyse.

De fait, sur la page Facebook de l’émission, la présentation de ce débat ne laisse planer aucun doute : « Par quel mystère le directeur de cabinet du Président gabonais s’approprie les prérogatives présidentielles pour entreprendre une tournée dans les provinces du pays ? Sur quelles bases légales se fonde cette initiative récente de Brice Lacruche Alihanga, directeur de cabinet du président Ali Bongo ? Alors que le doute persiste sur la capacité du Président Ali Bongo à assurer ses fonctions, du fait de son état de santé, les actes, discours et décisions de Brice Laccruche interrogent sur le fonctionnement actuel de l’appareil d’Etat gabonais », cingle Africa Radio.

Deux contre un, voire trois contre un

A en juger par les nombreuses réactions des internautes gabonais, cette critique du caractère biaisé du débat revient souvent. Mais beaucoup d’entre eux avancent un autre argument pour l’illustrer : la rupture d’équilibre dans la manière dont Africa Radio a composé son plateau. En effet, dans le studio, ont pris place deux activistes de la diaspora, réputés pour leur engagement aux côtés de l’opposition radicale : Laurence Ndong, l’ex-porte-parole de Jean Ping et bonne cliente des médias, ainsi que Patrick Mivila, le secrétaire exécutif de la Convention de la diaspora gabonaise (CDG), un mouvement proche de l’opposition radicale. Pour leur porter la contradiction, un seul invité : Fred Maïssa, le secrétaire fédéral en France du Parti démocratique gabonais (PDG). Celui-ci intervient, qui plus est, par téléphone, ce qui, pour ceux qui se sont déjà livrés à l’exercice est un désavantage.

Deux (personnes en studio) contre un (au téléphone), et parfois même, semble-t-il, trois contre un, tant le modérateur du débat, le journaliste Francis Laloupo, affiche son parti pris tout au long du débat comme lorsqu’il remet en cause la légitimité de la tournée de Brice Laccruche Alihanga dans les différentes provinces du pays.

Si la forme du débat organisé par Africa Radio est contestée, le fond l’est tout autant. En particulier le passage où est dénié les racines gabonaises du directeur de cabinet d’Ali Bongo Ondimba. Les propos de l’un des intervenants, Patrick Mivila, qui se plait d’ailleurs à appeler Brice Laccruche Alihanga « Brice Fargeon », font l’objet d’explications partielles du journaliste Francis Laloupo. A aucun moment, celui-ci ne prend soin d’indiquer que cette thèse est vigoureusement contestée par l’intéressé et par les faits, son ascendance gabonaise étant clairement établie et ne faisant aucun doute. Ce débat est nauséabond. C’est ni plus ni moins que du racisme. Naturellement, le procédé rappelle celui utilisé jadis contre le président Ali Bongo dont on a dit qu’il était nigérian. Tout cela est non seulement absurde, mais dangereux, s’indigne un ministre du gouvernement.

A cet égard, nombreux ont été les internautes gabonais à relever ce qui peut sembler être un détail mais qui est tout sauf anodin. Dans l’intitulé du débat de Africa Radio, le nom de Brice Laccruche Alihanga est amputé de sa partie gabonaise. Celui-ci est simplement appelé du nom de Brice Laccruche. Une manière implicite de lui dénier sa gabonité ? Aurait-on voulu le faire exprès que l’on ne se serait mieux pris.