« Partout dans le monde, nous assistons au réveil des peuples qui demandent de l’autorité et de l’efficacité » (Ali Bongo, président du Gabon)

Ali Bongo Ondimba mardi 7 janvier lors des vœux aux corps constitués © DR

Mardi 7 janvier, le chef de l’Etat gabonais a présidé la traditionnelle cérémonie des vœux aux corps constitués. L’occasion pour lui de développer devant les responsables des institutions sa vision de la gouvernance publique pour la décennie à venir. Extrait de son allocution.

« Partout dans le monde, nous assistons au réveil des peuples sous fond d’attentes exacerbées et, n’ayons pas peur de le dire, de frustrations et de mécontentements. Les institutions sont de plus en plus contestées. La parole publique, autrefois déifiée, est aujourd’hui dévalorisée. Dans une certaine mesure, même s’il est moins frappé que d’autres par ce phénomène, le Gabon n’est pas épargné.

Or souvent, il y a méprise quant à la compréhension de ce phénomène. Paradoxalement, la demande – mondiale – qui s’exprime n’est pas une demande de moins d’Etat. C’est une demande de plus d’Etat et, plus précisément, de mieux d’Etat.

Cela signifie deux choses. La première, c’est une demande d’autorité. Partout, dans le monde, s’exprime une demande de protection. A la fois sur le plan sécuritaire face à la montée du terrorisme et économique pour contrer la montée du chômage. Face à la perte de repères de nos sociétés, l’effacement des valeurs collectives, l’influence néfaste des réseaux sociaux qui permet à certains de déverser leur haine de façon anonyme, les peuples, sont en demande de protection. En demande d’un Etat puissant, d’un Etat fort, qui ne faiblit pas, qui ne vacille pas sur ses bases.

Cette demande d’autorité s’exprime à un niveau national mais aussi international. Certes, le multilatéralisme est plus que nécessaire pour faire face à certains défis, comme les bouleversements climatiques. L’intégration, qu’elle soit continentale ou régionale, est en marche et c’est une excellente chose. Mais la demande de respect des souverainetés nationales n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Et il nous faut, nous dirigeants, l’entendre.

Cette demande d’autorité, tant sur le plan national qu’international, qui est aussi celle des Gabonaises et des Gabonais, se double d’une demande d’efficacité. L’action publique doit être efficace. Elle doit produire des résultats. Des résultats sur le long terme pour préparer l’avenir, adapter notre pays aux exigences du lendemain. Mais aussi – et peut-être surtout – des résultats immédiats, tangibles, qui permettent d’améliorer ici et maintenant, pas dans dix ans, les conditions de vie de nos concitoyens.

Pour redonner foi en l’action publique, seule manière de briser la défiance de nos populations envers leurs institutions, il faut être efficaces. Efficaces collectivement dans la conduite de l’action publique dont nous avons tous ici, chacun à notre niveau, la charge.

Être efficaces, cela suppose tout d’abord de traiter les vraies priorités, autrement dit de s’atteler avant tout à l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. Avoir le sens des priorités est l’une des qualités indispensables aux dirigeants.

Être efficaces, cela implique ensuite, pour nous Gouvernants, de changer de paradigme. Je l’ai dit dans mon discours de vœux à la Nation. Il nous faut passer d’une culture d’annonces (« nous allons faire ceci ») à une culture du résultat (« nous avons fait cela »). C’est cette culture du résultat que j’entends implanter, le plus profondément possible, au Gabon. De ce point de vue, 2020 devra être l’année de la concrétisation. Pour m’en assurer, j’ai demandé que les mécanismes d’évaluation de l’efficacité de l’action publique, tant pour le gouvernement que pour les administrations, soit redéfinis et renforcés. »