Opération Scorpion : qu’est-ce qui est concrètement reproché à Patrichi Christian Tanasa, l’ex-ADG de la Gabon Oil Company

Christian Patrichi Tanasa était à la tête de la GOC de début 2018 à fin 2019 © DR

Le procès de l’ancien administrateur directeur général de la Gabon Oil Company (GOC) et de deux de ses co-accusés, Jérémie Ayong Nkodje Obame (ancien directeur adjoint de Gabon Oil Marketing, une filiale de la GOC) et Geaurge Carelle Ndemengane Ekoh (ex-responsable de la trésorerie de la GOM), dans le cadre de l’opération anticorruption baptisée «Scorpion», s’est ouvert lundi 18 juillet devant la cour criminelle spécialisée de Libreville. Il devrait s’achever mercredi avant le prononcé du délibéré prévu en début de semaine prochaine. Suite à la lecture de l’acte d’accusation, on en sait désormais plus sur ce qui lui est reproché. 

Patrichi Tanasa est soupçonné de détournement de fonds publics pour un montant estimé à plus de 19 milliards de FCFA pour des primes, des perdiems, du sponsoring et pour des activités souvent sans rapport avec les prérogatives de la société dont il avait la charge.

Au nombre de ces dépenses, l’accusation lui reproche, par exemple, la location d’un hélicoptère auprès de la société Heli Union ayant servi au transport de Brice Laccruche Alihanga alors directeur de cabinet du président de la République. Montant de la facture : 100 millions de FCFA (23,2 millions de FCFA selon les avocats de Patrichi Christian Tanasa). Selon Jérémie Ayong, cette opération, sans rapport avec les activités de la GOC et de ses filiales, s’est répétée à plusieurs reprises.

Une goutte d’eau par rapport à ce qui lui est reproché en termes de primes annuelles versées par la GOC : 3 milliards de francs CFA au global. Selon l’accusation, certains cadres percevaient jusqu’à 250 millions de FCFA par mois, hors avantages en nature.

Dans le cadre de cette procédure, l’ancien ADG de la GOC est également poursuivi pour « usage de faux et blanchiment de capitaux ». Des faits qu’il aurait commis entre mai 2018 et novembre 2019 avec la complicité présumée d’un cabinet appartenant à Grégory Laccruche Alihanga, ancien maire de la commune d’Akanda, lui aussi placé en détention préventive fin 2019 à la prison centrale de Libreville.

Dans son édition du 27 novembre 2019, le plus grand quotidien du pays, L’Union, faisait état de documents attestant de l’évaporation de près de 100 milliards de FCFA des caisses de la GOC. L’audience de ce mardi 19 juillet devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, consacrée au fond de l’affaire, devrait permettre de faire toute la lumière sur ce dossier tentaculaire.