L’ancien directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie et de garantie sociale (CNAMGS) a été condamné vendredi 5 août à 8 ans de réclusion criminelle par la cour criminelle spécialisée, dont un avec sursis, à une amende de 10 millions de FCFA et 4 milliards de FCFA à titre de dommages et intérêts. Il pourrait toutefois « prochainement » recouvrer la liberté.
L’ex-DG de la CNAMGS était poursuivi pour des faits de détournement de deniers publics, concussion et blanchiment des capitaux du temps.
Ayant bénéficié de circonstances atténuantes contrairement à la réquisition du ministère public qui demandait 15 ans de prison ferme, il a été condamné vendredi 5 août par les juges de la Cour criminelle spécialisée de Libreville à 8 ans de réclusion criminelle assortis d’une année de sursis.
Placé en détention préventive à la prison centrale de Libreville en novembre 2019, il lui reste en théorie un peu moins de 4 ans et demi à effectuer avant sa libération.
La cour ayant reçu favorablement la constitution de partie civile de l’agence judiciaire de l’État, a enfin condamné Renaud Allogho Akoue à 4 milliard de FCFA à titre de dommages et intérêts.
L’ancien patron de la Caisse nationale d’assurance-maladie et de garantie sociale était accusé de détournement de fonds publics, concussion et blanchiment des capitaux dans l’exercice de ses fonctions entre octobre 2017 et novembre 2019. En 25 mois passés à la tête de la CNAMGS, il aurait soustrait plus de 600 millions de FCFA. Il a été déclaré non coupable du crime de concussion.
Le procès de Renaud Allogho Akoué a été émaillé par de vives tensions avec ses avocats. Alors que ces derniers préconisaient, à l’instar d’autres accusés dans ce dossier, une stratégie de diversion consistant à « faire le procès du régime de Libreville » et, au passage, chargé le président de la République, son épouse et son fils ainé, l’accusé s’y est refusé. Toujours à rebours des conseils de ses avocats, celui-ci a clairement fait porter la responsabilité de certains actes criminels sur l’ex-directeur de cabinet de la Présidence, Brice Laccruche Alihanga, pour ce qui concerne le fonctionnement de la CNAMGS et sur son bras droit, Tony Ondo Mba, pour ce qui relève de l’AJEV.
Conséquence, certains de ses avocats ont quitté la salle lors du premier jour d’audience. D’autres se sont fait porter pâle lors de la seconde journée. Par ailleurs, Renaud Allogho Akoué, qui n’a pas voulu gloser sur ses conditions de détention ni jeter le discrédit sur l’institution judiciaire, ni mettre en cause la famille présidentielle et a interdit à ses avocats « d’organiser des conférences de presse-spectacle à grand renfort de journalistes », n’a pas bénéficié du même traitement médiatique que certains de ses co-accusés dans le cadre de l’Opération Scorpion de la part des médias d’opposition qui ont semblé se réjouir à l’annonce du verdict.
Renaud Allogho Akoué a cinq jours désormais pour se pourvoir en cassation. D’après ses proches, l’intéressé n’aurait pas encore fait part de sa décision. Reste que son attitude, « d’une grande correction » comme l’a qualifiée une source judiciaire, tout au long de l’instruction et du procès, pourrait être portée à son crédit dès lors qu’il s’agira d’étudier un aménagement de ses conditions de détention, d’éventuelles remises de peine, voire un possible recours en grâce. Au final, le condamné pourrait retrouver une liberté, fût-elle conditionnelle, dans des délais relativement proches.