Opération Scorpion au Gabon : Les dernières révélations de La Lettre du Continent sur l’enquête

L'ex-directeur de cabinet de la présidence, Brice Laccruche Alihanga, a été incarcéré début décembre 2019 dans le cadre de l'opération Scorpion © DR

Dans sa dernière livraison parue ce mercredi, le bi-mensuel panafricain apporte des précisions sur la vaste opération anti-corruption lancée début novembre au Gabon et qui a abouti au placement sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville d’une vingtaine d’ex-hauts responsables publics. 

« L’enquête dans le cadre de l’affaire Scorpion entre dans une nouvelle phase. Les magistrats chargés de l’instruction des multiples dossiers de corruption ouverts mi-novembre dans le cadre de l’opération Scorpion sont en train d’envoyer une batterie de citations à comparaître. Durant les prochaines semaines, la vingtaine de hauts fonctionnaires incarcérés depuis novembre devraient se succéder dans leurs bureaux », renseigne La Lettre du Continent dans sa dernière édition parue ce mercredi 19 novembre.

A en croire le bi-mensuel, à ce stade, l’enquête se concentrerait sur les détournements d’argent les plus flagrants. Celle-ci aurait ainsi permis de mettre à jour une série d’anomalies, comme le fait que la Gabon Oil Company (GOC), pourtant propriétaire de ses locaux, payait un loyer à une société détenue par certains de ses dirigeants ou encore que des versements mensuels ont été effectuées par la Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab), à plusieurs des fonctionnaires incarcérés en contradiction avec son objet social (la relance de la filière café-cacao).

En outre, précise La Lettre du Continent, l’enquête ne porterait pas seulement sur le volet financier (corruption, détournement de fonds, blanchiment, faux et usage de faux…), mais également sur le séjour effectué fin 2018 à Libreville par onze vétérans des forces spéciales françaises au moment où le président Ali Bongo Ondimba, victime deux mois plus tôt d’un AVC, était en convalescence au Maroc.

« La présidence gabonaise, qui ignorait tout de la présence de ces troupes de choc sur son territoire, a toujours considéré qu’elles avaient été recrutées pour encadrer un coup de force », indique La Lettre en assurant que même « si aucune enquête officielle n’a encore été ouverte sur cette affaire (…), si jamais le parquet gabonais décidait de s’en saisir, il demanderait l’entraide judiciaire à la France»