Nouvelles dissensions au sein de l’opposition : cette fois-ci, au sujet de la participation au Centre gabonais des élections

L'opposant Pierre-Claver Maganga Moussavou a été nommé vice-président au Gabon en août 2017.

Au Gabon, la perspective des élections législatives n’en finit plus de diviser l’opposition. Dernier exemple en date : le Parti social-démocrate (PSD) de Pierre-Claver Maganga Moussavou dénie aux 41 partis de l’opposition qui n’ont pas pris part au dialogue politique d’Agondjé le droit d’examiner les candidatures aux scrutins électoraux et d’élire le président du futur Centre gabonais des élections (CGE).

Après les dissensions entre les tenants de la participation aux élections législatives et ceux appelant au boycott, de nouvelles divergences sont apparues au sein de l’opposition gabonaise entre ceux qui ont participé au dialogue politique d’Angondjé et ceux qui l’ont séché. Les premiers ne reconnaissant pas au second (41 partis au total) le droit de participer à l’une des deux commissions chargées d’examiner les candidatures aux élections et d’élire le président du Centre gabonais des élections (CGE), organe qui a succédé à la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cénap). C’est en tout cas la position du Parti social-démocrate exprimée dans le quotidien L’Union de ce jeudi 12 avril.

C’est en quelque sorte la réponse du berger à la bergère. Le PSE, parti de l’opposant Pierre-Claver Maganga Moussavou, nommé vice-président de la République en août 2017, avait en effet été vertement critiqué par ses camarades de l’opposition pour avoir transmis il y a quelque temps au ministère de l’Intérieur, aux côtés du Parti pour le développement et la solidarité sociale (PDS) de Séraphin Ndaot Rembogo et de Démocratie nouvelle (DN) de René Ndemezo’o Obiang,  la liste des représentants qui, selon eux, sont habilités à siéger au sein de la CGE au titre de l’opposition.

Une initiative que le PSE justifie par le fait que les dispositions issues du dialogue politique d’Angondjé (en l’occurrence les articles 262 à 264 du Protocole d’accord) n’engagent que ses signataires. Or les 41 partis de l’opposition en question n’y ont pas participé à l’époque au motif qu’ils refusaient, disaient-ils alors, de « légitimer le pouvoir d’Ali Bongo ».

« De notre point de vue, tout le monde peut se présenter aux futures élections qui seront organisées sur la base des réformes adoptées à Angondjé. Mais seules les formations politiques signataires peuvent être membres des organes en charge du contrôle et du suivi-évaluation des actes du dialogue, membres des deux commissions chargées d’examiner les candidatures et élire le président du CGE, ainsi que membres du bureau du CGE », a expliqué le PSD dans le quotidien L’Union.

Le parti de Pierre-Claver Maganga Moussavou reconnait malgré tout la possibilité pour les représentants des partis non-dialoguistes de figurer au sein du CGE en tant que « membres de l’assemblée plénière ». « C’est une poire pour la soif », s’insurge l’un des responsables de ces 41 partis qui s’empresse aussitôt d’ajouter : « nous rejetons catégoriquement cette position ».

Quoi qu’il en soit, cet épisode montre, une fois de plus, les lignes de fracture profondes qui traversent l’opposition gabonaise. Elle qui avait réussi à s’unir en 2016 derrière la candidature de Jean Ping à l’occasion de l’élection présidentielle, semble en 2018 renouer avec ses vieux démons : ceux de la division.