Nouvelle agression d’un ministre gabonais en France, Libreville outrée, Paris accusée de laxisme

Le ministre Jean-Marie Ogandaga a été violemment pris à parti ce dimanche matin par un activiste gabonais à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle (France) © DR

Jean-Marie Ogandaga, le ministre gabonais du Tourisme, du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, Petites et moyennes industries, s’est fait verbalement agressé ce dimanche matin à l’aéroport Charles de Gaulle ce dimanche à Roissy (France), alors qu’il prenait l’avion pour regagner Libreville. Les agressions contre les dirigeants africains en France se sont multipliés ces dernières années. Accusées de laxisme et de permissivité excessive, les autorités françaises, incapables de remplir leurs obligations de protection, sont pointées du doigt.

Choquante. C’est ainsi qu’a été ressentie, tous bords politiques confondus, l’agression dont on a été victime ce dimanche le ministre du Tourisme, du Commerce, des Petites et moyennes entreprises, Petites et moyennes industries, Jean-Marie Ogandaga.

Alors qu’il prenait l’avion pour rentrer à Libreville ce dimanche à l’aéroport Charles de Gaulle à Roissy (France), près de Paris, où il était en transit suite à sa participation au 11ème Forum du secteur privé africain qui se tenait à compter du 6 novembre à Madagascar, M. Ogandaga a été longuement pris à parti par un activiste gabonais, qui l’a alpagué, puis vilipendé.

Malgré les insultes, le ministre est resté digne, choisissant de pas répondre aux insultes et propos menaçants de l’activiste qui, une fois son forfait commis, s’est empressé de poster, tel un trophée, la vidéo sur le réseau social Facebook.

Laxisme

Cette agression en dit long sur la permissivité excessive, pour ne pas dire le laxisme, dont les autorités françaises font preuve à l’égard de ce genre d’événements, qui ont eu tendance à se multiplier ces dernières années à l’encontre de dirigeants originaires d’Afrique.

Eric, un jeune chef d’entreprise, la trentaine, qui est revenu à Libreville après des études en école de commerce en France, pays dans lequel il retourne régulièrement, explique dans quel climat se déroule ce genre d’incidents.

« Il y a en France beaucoup de laxisme. On y tolère des choses que l’on ne devrait pas. Ces gens ne craignent pas la justice française car celle-ci ne fait pas son travail. Ils sont convaincus qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent car ils ne seront jamais sanctionnés. Il y a donc chez eux un sentiment d’impunité très fort », explique Eric qui rappelle que certains de ces Gabonais, pourtant nullement inquiétés dans leur pays contrairement à ce qu’ils soutiennent, jouissent du statut de réfugié politique. « Pour avoir accès aux prestations sociales », s’empresse d’ajouter Eric.

Il n’y a pas que les personnes à être victimes d’agression. Les bâtiments officiels, en particulier les représentations diplomatiques, font aussi régulièrement l’objet d’intrusions. Cameroun, Congo, RDC, Togo… les exemples sont pléthores. Le 31 août 2018, des manifestants se réclamant de l’opposition gabonaise s’étaient pour la énième fois introduits dans l’enceinte de l’ambassade du Gabon en France. Un événement survenu alors que deux mois plus tôt, le 1er juin, douze personnes déjà s’étaient introduites de force dans l’enceinte de l’Ambassade du Gabon à Paris, commettant des dégradations et proférant des insultes contre l’Ambassadeur gabonais. Depuis, des plaintes ont été déposées mais aucune suite judiciaire n’a été donnée à ce jour. Incompréhensible.

« On est beaucoup plus en sécurité à Libreville qu’à Paris », un entrepreneur français

Lassés par ces incidents à répétition, à Libreville, nombreux sont ceux à s’interroger, à l’instar de ce professeur de droit de l’Université Omar Bongo. « Imaginez un seul instant que tout cela se passe à l’ambassade de France au Gabon. Que n’aurions-nous pas entendu ? », fait-il observer. Un sentiment largement partagé au sein de la population qui voit dans la réaction des autorités françaises face à ce type d’incidents une forme de condescendance. « Sans doute les choses se passeraient-elles différemment s’il s’agissait de l’ambassade des Etats-Unis ou encore de l’ambassade de Chine à Paris », regrette l’universitaire.

A Libreville, nombreux sont ceux à évoquer les incidents provoqués en août dernier par l’opposant Ngomo Privat qui s’en était violemment pris à la France devant son ambassade dans la capitale gabonaise. Celui-ci avait alors été arrêté sur le champ et emprisonné. Il attend aujourd’hui son procès.

En réalité, cet épisode en dit davantage sur l’effondrement de l’autorité en France, ce dont se plaint largement la population française. Ce que confirme ce chef d’entreprise, originaire de Bordeaux (France), installé depuis une quinzaine d’années à Libreville. « En France, il y a un très fort sentiment d’insécurité. On dénombre au bas mot 200 zones de non droit où la police ne va plus. Les incivilités sont monnaie courante. L’année dernière, les agressions gratuites ont fortement augmenté », commente l’entrepreneur. « Aujourd’hui, on est beaucoup plus en sécurité à Libreville qu’à Paris », assure-t-il.