Le nouvel ambassadeur de France tentera de redorer le blason de son pays au Gabon dans un contexte de concurrence exacerbée

Philippe Autié, le nouvel ambassadeur de France au Gabon, a remis ses lettres de créance au président Ali Bongo Ondimba le 24 septembre dernier © DCP

Quelques jours après la présentation de ses lettres de créance au président gabonais, Philippe Autié s’est adressé à la communauté française, très importante au Gabon.

« Vous œuvrez au quotidien, parfois depuis de nombreuses années, pour renforcer la vitalité de cette belle relation. Soyez assurés que je serai toujours à votre écoute, comme le consulat général et l’ensemble des services français, pour vous soutenir dans vos projets et appuyer toutes les initiatives de nature à renforcer le lien entre nos deux pays », a déclaré le nouvel ambassadeur de France à Libreville à ses quelque 10 000 compatriotes vivant dans le pays.

Un nouvel ambassadeur qui aura fort à faire pour redorer l’image de la France. « A tort ou à raison, la France est souvent perçue comme donneuse de leçon. C’est d’ailleurs l’une des spécialités prêtées ici aux médias français comme en témoigne la récente affaire concernant la chaîne de télévision publique France 2 », analyse un professeur en science politique de l’UOB qui reconnait que la relation franco-gabonaise a été particulièrement « abîmée » sous le quinquennat de François Hollande.

« Il faut reconnaître que depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron, les relations entre la France et le Gabon se sont nettement améliorées », poursuit l’universitaire. « Les relations interpersonnelles entre Emmanuel Macron et Ali Bongo sont bonnes et les contacts entre leurs équipes respectives beaucoup plus fluides que par le passé », précise-t-il, soulignant que les dossiers Veolia et Eramet n’ont pas perturbé outre mesure la qualité des échanges. « Je crois, au contraire, qu’à ce moment-là, Libreville et Paris se sont rapprochés car ils ont été obligés de se parler », croit-il savoir.

Il reste qu’en dépit d’un réchauffement réel dans les relations franco-gabonaises, le nouvel ambassadeur de France aura fort à faire. « Le Gabon est de plus en plus courtisé par les puissances émergentes, comme l’illustre le programme de rencontre très chargé qu’a eu Ali Bongo en six mois où celui-ci a vu XI Jinping, Vladimir Poutine, Narendra Modi, Recep Tayyip Erdogan, Cyril Ramaphosa, etc. », rappelle ce professeur en science politique de l’UOB.

Tapis rouge versus manifestations

« Dans ces pays », ajoute-t-il, « qu’il s’agisse de la Chine, de la Russie, de l’Inde ou encore de la Turquie, on déroule le tapis rouge à la délégation gabonaise et on leur propose un programme de rencontres très chargé avec des investisseurs ou autres personnalités. En France, on laisse une poignée de manifestants perturber la venue du président gabonais et l’ambassade du Gabon à Paris est régulièrement l’objet d’intrusion de la part de militants de l’opposition », explique l’universitaire qui admet qu’en termes de qualité de réception, « le contraste est flagrant entre l’ex-métropole et les puissances émergentes ».

Certes, il est ici question de symboles. Mais en diplomatie, les symboles comptent énormément. Si Philippe Autié entend redorer le blason de la France au Gabon et ne pas pousser ce dernier dans les bras des puissances émergentes, c’est aussi sur ce terrain-là qu’il devra tenter d’agir.