Nomination d’un nouveau gouvernement au Gabon : qui sont les gagnants ? Qui sont les perdants ?

Justin Ndoudangoye est le nouveau ministre des Transports et de la Logistique au Gabon. © DR – Twitter

Vendredi 4 mai, peu avant 22h00, le secrétaire général de la présidence, Jean-Yves Teale, a annoncé la composition du nouveau gouvernement gabonais, suite à la démission contrainte de la précédente équipe trois jours auparavant en application d’une décision la veille de la Cour constitutionnelle. Qui en sont les gagnants et les perdants ? Voici l’analyse de La Libreville.

Ce gouvernement intérimaire durera jusqu’à ce que les élections législatives, plusieurs fois reportées depuis 2016 et qui pourraient avoir lieu fin août-début avril, se tiennent effectivement.

De prime abord, ce gouvernement de 40 ministres et ministres délégués ne comporte pas d’importants changements à ses postes clefs. Pourtant, à y regarder de plus près, on y décèle certains éléments révélateurs du rapport de force politique actuel.

1ère leçon : plus de représentants pour l’opposition

Sept représentants de l’opposition y ont été nommés. La politique d’ouverture, souhaitée par le président Ali Bongo Ondimba suite au dialogue politique d’Angondjé se poursuit donc. Trois nouveaux ministres viennent ainsi grossir les rangs de l’opposition au sein du gouvernement : Jean de Dieu Moukagni Iwangou, Michel Menga M’essonne et David Mbadinga.

2ème leçon : plus de jeunes et plus de femmes

La nouvelle équipe gouvernementale a été rajeunie et féminisée par rapport à la précédente. Le plus jeune ministre a à peine trente ans et on relève la présence de 13 femmes sur 40 ministres. Une proportion d’un tiers, souhaitée par Ali Bongo Ondimba, qui sera progressivement relevée à l’avenir.

3ème leçon : le recul de la vieille garde

L’ancienne génération, celle qui occupe depuis longtemps des portefeuilles ministériels, connait un reflux d’influence dans ce gouvernement. Le cas le plus emblématique en est Alain Claude Bilie-By-Nze qui perd ses attributions de ministres de la communication et ses fonctions de porte-parole du gouvernement. Il devra se contenter désormais des sports et de la Culture. « Il est mis sur une voie de garage », commente une source gouvernementale.

Au-delà, on observe la sortie de nombre de ministres considérés comme des caciques du régime, à l’instar de l’ancien premier ministre Paul Biyogue Mba, de Blaise Louembe, ministre sans discontinuer depuis 2008 (soit sous Omar Bongo Ondimba), ou encore de Jean-Pierre Oyiba, premier directeur de cabinet d’Ali Bongo ONDIMBA et leader de la province du Haut-Ogooué ou de Pacôme Moubelet Boubeya, ministre de l’Intérieur au moment de l’élection controversée de 2016.

4ème leçon : la montée en puissance d’une nouvelle génération

C’est le corollaire du reflux de la vieille garde. Le renouvellement générationnel, mené au sein de la haute-administration et de la classe politique, touche désormais le gouvernement. L’exemple le plus marquant en est la nomination de Justin Ndoudangoye au ministère des Transports. Celui qui était secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des transports ferroviaires (ARTF) et secrétaire général de l’Association des Jeunes Émergents Volontaires (AJEV) est un proche de Brice Laccruche Alihanga, le directeur de cabinet du Président Ali Bongo, qui est un fervent partisan du renouvellement générationnel des élites au Gabon.

La tâche principal de ce gouvernement sera d’épauler le Centre gabonais des élections (CGE) dans l’organisation des élections législatives. Selon plusieurs sources gouvernementales, le président Ali Bongo aurait exigé de son premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, plus d’efficacité dans son action. Ce qu’attend l’écrasante majorité des Gabonais.