Mise en examen de l’avocat de feu Omar Bongo dans l’affaire des « Biens mal acquis » : Le procès d’une autre époque

Omar Bongo Ondimba reçu à l'Elysée par le général de Gaulle en janvier 1968 © DR

Jean-François Meyer a été mis examen le 22 janvier à Paris dans le cadre de l’affaire des « Biens mal acquis ». Avocat du défunt président durant 19 ans, il est poursuivi pour « complicité de blanchiment de détournement de fonds publics et de corruption ».

Ancien conseil d’Omar Bongo durant 19 ans, Jean-François Meyer a été mis en examen le 22 janvier. Selon le journal français Le Monde, l’avocat de 63 ans est poursuivi pour «complicité de blanchiment de tout crime et délit (notamment des délits de détournements de fonds publics et de corruption» et «recel de détournement de fonds publics et recel de corruption».

Selon le quotidien français Le Monde qui a éventé l’affaire, l’avocat parisien de 63 ans est soupçonné d’avoir facilité des acquisitions de biens immobiliers parisiens fastueux et d’avoir opacifié des fonds probablement publics. Jean-François Meyer mettait au service de son client, son compte bancaire professionnel à la BNP Paribas qui fut crédité, entre janvier 2006 et novembre 2007, de près de 4,5 milliards de francs CFA par l’Etat gabonais. Selon Tracfin, la cellule de renseignement financier (France), il n’y a aucune justification professionnelle d’au moins 1,5 milliard de francs CFA de dépenses effectuées depuis ce compte.

« Que ce soit pour Omar Bongo à titre privé ou pour l’Etat gabonais, je suis la personne de confiance à qui on va confier le soin de payer (…) Ça rassure le destinataire des fonds français, car il sait qu’il sera payé, et le côté gabonais qu’il n’y aura pas d’évaporation » de l’argent entre Libreville et Paris, s’est défendu Jean-François Meyer lors de son interrogatoire, le 22 janvier à Paris.

L’époque révolue de la Françafrique

Au Gabon, on assure que ces pratiques appartiennent définitivement au passé. « C’est une époque révolue, celle où la Françafrique était encore vivace. Cela concernait tous les pays du champ, c’est à dire les anciennes colonies », commente un ancien conseiller du défunt président français Jacques Chirac, très actif à l’époque en Afrique francophone.

Un avis partagé par ce diplomate en poste à Libreville. « Depuis une dizaine d’années, les procédures de contrôle des flux financiers se sont considérablement renforcées. Certes, il y a encore de la corruption et de l’évaporation comme le montre l’opération Scorpion. Mais les pratiques qui ont eu cours il y a encore 15 ou 20 ans sont définitivement révolues. Tout simplement parce qu’elles ont été rendues impossibles par l’évolution de la réglementation », explique-t-il.