Mines au Gabon : Comment Ali Bongo compte accélérer le développement du secteur aurifère

Le potentiel aurifère du Gabon demeure largement sous-exploité © DR

Dans une courrier daté du 27 décembre 2019, adressé au directeur général de la société équatoriale des mines (SEM), David Ossibadjouo, et signé du coordonnateur général des affaires présidentielles (CGAP), Noureddin Bongo Valentin, le chef de l’Etat gabonais demande qu’une étude visant à relancer l’activité aurifère dans le pays soit réalisée et qu’un partenariat soit formé avec Africa Finance Corporation (AFC) en vue de l’élaboration d’une carte géologique exhaustive, prélude à un road show à l’international en juin prochain destiné à attirer au Gabon les groupes miniers.

Le président gabonais veut accélérer le développement du secteur aurifère. Et vite. Or, sur ce point, la situation est loin d’être satisfaisante.

« Selon les estimations, cent mille mines illégales pillent nos richesses et ne contribuent aucunement au développement du pays », indique un courrier du CGAP daté du 27 décembre 2019.

Pour inverser la donne, à la demande du chef de l’Etat, deux exigences ont été spécifiées dans le courrier : d’une part, « missionner un cabinet reconnu pour mener une étude sur le développement de l’industrie de l’or au Gabon en s’inspirant des modèles de réussite du Ghana et du Mali » ; d’autre part, « former un partenariat avec l’AFC pour la réalisation d’une carte géologique exhaustive afin d’identifier la localisation exacte des ressources minières»

La présidence gabonaise souhaite aller vite : la date du 10 janvier 2020 a été fixée pour la mise en oeuvre des deux mesures indiquées. Quant à la carte géologique, celle-ci doit être prête pour le 20 avril 2020 au plus tard.

En effet, la présidence souhaite, et c’est la troisième exigence contenue dans le courrier, voir « organiser, pour le mois de juin 2020, une tournée itinérante mondiale suivie d’une mise aux enchères transparentes visant à attirer des groupes miniers sérieux sur le terrain»

« Transparence » et « tolérance zéro à l’égard de la corruption »

Si dans son courrier, le coordonnateur général des affaires présidentielles insiste sur la « transparence » du processus, tant dans le choix du cabinet d’études que des futurs groupes miniers qui travailleront dans le pays, c’est parce que depuis le mois de novembre dernier et le lancement de l’opération Scorpion, le pays mène « une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption », comme le rappelle le courrier, qui a conduit à revoir totalement la direction du secteur pétrolier et minier au Gabon. Un nouveau ministre des Mines, Vincent de Paul Massassa, a été nommé début décembre. Un mois plutôt, la SEM, tout comme la GOC dans le secteur pétrolier, a vu son management totalement renouvelé. Depuis, la plupart des ex-responsables publics du secteur extractif (le patron de la GOC, Christian Patrichi Tanasa, celui de la SEM, Ismaël Ondias Souna, etc.) ont été placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Libreville dans le cadre de l’opération anti-corruption.

Objectif : diversifier l’économie et créer des emplois

Pour le Gabon, l’enjeu est de taille. Le secteur minier reste encore principalement orienté vers l’exploitation du manganèse. Dans l’ensemble, le secteur représente aujourd’hui 6 % du PIB, 6 % des exportations du pays et 3 % environ de l‘emploi privé. Or, l’or, dont le potentiel pourtant très grand, demeure à ce jour largement inexploité, pourrait contribuer à rehausser la part représentée par les mines dans le PIB.

« Dans sa stratégie de développement qui repose sur une plus grande diversification économique, le Gabon peut compter au premier chef sur son secteur minier qui recèle un potentiel de création d’emplois non négligeable », confirme un analyste, spécialiste des matières premières. D’où la volonté d’Ali Bongo Ondimba de faire  prendre au Gabon un nouveau virage après le lancement de l’opération anti-corruption en novembre dernier, mais aussi de tirer pleinement partie du nouveau code minier, promulgué le 11 juin 2019, qui permet de clarifier les règles de l’exploitation minière et de donner un cadre plus stable aux investisseurs.