« Les chefs d’État à la COP 26 doivent inciter à la protection des forêts comme celle du Bassin du Congo » (Ali Bongo Ondimba dans The Times)

Ali Bongo Ondimba accueilli lors de la COP 26 par l'hôte du sommet, le premier ministre britannique Boris Johnson © DR

Le chef de l’Etat du Gabon, pays modèle en matière de protection de l’environnement et de développement durable, est le seul chef d’Etat africain à publier une tribune dans la presse internationale au premier jour de l’ouverture de la COP 26 de Glasgow en Écosse. Preuve de l’importance qu’il accorde à cet événement décisif pour l’avenir de la planète. Pour ce faire, le numéro un gabonais a choisi de s’exprimer en anglais dans les colonnes du grand quotidien britannique The Times. Nous publions ici la version traduite en français dans son intégralité.

Les dirigeants de la Cop26 doivent encourager la protection des forêts comme celles du Bassin du Congo.

« La préparation de la Conférence sur le Changement Climatique (Cop26) qui débute ce jour à Glasgow a vu un mot essentiel trop souvent ignoré. C’est un mot sans lequel les espoirs et les attentes relatifs à cet événement ne peuvent être satisfaits, et ce mot est Afrique.

Pour parvenir à un taux d’émissions nettes nul au niveau mondial, il faut protéger les écosystèmes naturels de l’Afrique qui absorbent le carbone et permettre à ces écosystèmes de se développer. Les forêts, les savanes, les mangroves et les récifs coralliens de mon continent forment ensemble un système de survie essentiel à la planète toute entière.

Pourtant, l’importance de ces écosystèmes, et le mécanisme financier équitable nécessaire pour les protéger, n’ont pas reçu la priorité qu’ils méritent afin de garantir le succès de la Cop26.

Prenez le pays dont je suis le président, le Gabon, un Etat situé en Afrique Centrale. Environ 88 % de son territoire est recouvert par la forêt tropicale humide du grand Bassin du Congo. Au cours des 20 dernières années, nous avons protégé et géré durablement nos forêts, ce qui résulte à un taux de déforestation dix fois inférieur à la moyenne des nations tropicales.

En effet, le Gabon absorbe désormais quatre fois plus de dioxyde de carbone que nous n’en
émettons. Nous sommes l’une des nations les plus positives en termes de carbone de la planète, si ce n’est la plus positive, absorbant chaque année un quart des émissions annuelles du Royaume-Uni.

Les forêts du Bassin du Congo ont une importance particulière en raison de leur capacité à éliminer le dioxyde de carbone de l'atmosphère. La quantité de carbone que les forêts amazoniennes absorbent a diminué depuis les années 1990. Dans certaines régions, la déforestation sévit et des tronçons sont affectés par la chaleur et la sécheresse. En revanche, la quantité de carbone que la forêt tropicale du Bassin du Congo retire de l’atmosphère est relativement stable depuis trois décennies.

Le monde a besoin des forêts tropicales du Bassin du Congo pour notre avenir à tous. Pourtant, cette exigence, pourtant vitale pour notre planète, est entravée par la manière dont le système mondial actuel de compensation des émissions de carbone, REDD+, récompense ceux dont les forêts ne sont pas suffisamment protégées en ne débloquant des fonds que pour réduire la déforestation. Les pays très boisés comme le Gabon, qui se sont déjà engagés à prévenir la déforestation et à gérer leurs forêts de manière durable, sont largement exclus.

Les dirigeants mondiaux réunis à Glasgow doivent remédier à ce déséquilibre et achever le travail entamé dans le cadre des Accords de Paris sur le Climat en créant un marché du carbone équitable qui priorise la nature. Les subventions et les aides ne sont pas une solution à long terme. Le mécanisme REDD+ doit être réformé de manière à fixer un prix du carbone équitable pour les nations à solde positif net, afin d’encourager les autres à s’efforcer de protéger leurs forêts existantes comme nous le faisons.

Sinon, la postérité jugera ces mêmes dirigeants pour leur échec, et les générations futures se demanderont : qu’est-il advenu des grandes forêts de cette planète ? »

Ali Bongo Ondimba, Président de la République gabonaise

Lire cette tribune en anglais sur le site du Times en cliquant sur ce lien.